à Berlin (Photo : John Macdougall) |
[28/10/2012 18:30:50] PARIS (AFP) Les grands patrons français ont fait monter dimanche d’un cran supplémentaire la pression sur le dossier de la compétitivité en présentant leur propre version de ce que devrait être le “pacte” élaboré par le gouvernement pour relancer l’économie du pays.
Alors que l’ex-patron d’EADS Louis Gallois doit rendre le 5 novembre ses travaux au chef de l’Etat qui les lui a commandés, François Hollande et le gouvernement ont prévenu que le choc souhaité par les chefs d’entreprises, et notamment en matière d’allègements de charges, n’aurait pas lieu.
Les patrons de l’Association française des entreprises privées (Afep), qui regroupe la quasi totalité du CAC 40 et des grandes entreprises françaises, ont donc lancé dans les colonnes du Journal du Dimanche un appel solennel –que l’hebdomadaire présente comme un “ultimatum”.
Ils réclament notamment que, dans le futur pacte, l’Etat s’engage à réaliser “60 milliards d’euros d’économies au cours des cinq prochaines années”, soit 3 points de produit intérieur brut.
Pour y parvenir, les grands groupes demandent une baisse des cotisations sociales de 30 milliards d’euros sur deux ans, qui viserait “les salaires moyens (2 Smic et plus)” et serait financée pour moitié par un relèvement de la TVA à 21% (contre 19,6% actuellement) et par la baisse des dépenses publiques.
Ils réclament aussi une baisse de l’impôt des sociétés “au niveau de nos voisins européens” et le droit “d’explorer et d’exploiter nos ressources nationales comme les gaz de schiste”, en appelant au “pragmatisme” dans la mise en oeuvre de la transition énergétique.
Interrogé dimanche, le ministre de l’Economie Pierre Moscovici a repris les termes du chef de l’Etat: “Il faut absolument agir sur la compétitivé, mais pas par un choc”, a-t-il commenté, en préconisant sur Canal Plus “une trajectoire continue dans le temps”.
“Je ne souhaite pas que l’on mette l’économie en récession ni qu’on touche davantage au pouvoir d’achat, notamment des classes populaires”, a justifié le ministre.
Son homologue du Budget Jérôme Cahuzac a pour sa part relevé que les positions des uns et des autres n’étaient pas si éloignées dans la mesure où le gouvernement avait prévu de réaliser pour 50 milliards d’économies sur la durée du quinquennat.
Pas de choc non plus pour l’ancien patron de Renault, Louis Schweitzer: “Je ne crois pas au choc de compétitivité. On ne modifie pas les choses du jour au lendemain”, a-t-il déclaré au Journal du Dimanche, rappelant qu’en “Allemagne, le processus a pris dix ans”.
Singulièrement, à l’instar de Louis Schweitzer qui fut chef de cabinet de Laurent Fabius au Budget et à Matignon (1981-86), ce sont les grands noms du patronat de gauche qui sont montés au front ce week-end: Pierre Pringuet, PDG de Pernod Ricard à la tête de l’Afep, est un ancien du cabinet de Michel Rocard (1981-1985) et Serge Weinberg, président de Weinberg Capital Partners, fut également du cabinet Fabius au budget dans le gouvernement de Pierre Mauroy.
“François Hollande les as recus souvent”, a d’ailleurs noté M. Cahuzac sur France 5 reconnaissant que ces grandes voix du patronat avaient su se faire entendre, en particulier à propos du budget: “On a ajouté beaucoup de chose, précisément parce qu’on a discuté avec eux”, a-t-il reconnu.