Tout en la maintenant, malgré les critiques des hommes d’affaires, le gouverneur de la BCT promet de retirer la circulaire imposant des restrictions à la gestion par les entreprises exportatrices de leur stock de devises le jour où il aura atteint l’objectif qu’il s’est fixé: faire passer le stock de devises de la BCT au-dessus de la barre des 100 jours d’importation.
En poste depuis le 24 juillet 2012, le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), Chedli Ayari, a déjà pris plusieurs mesures. Toutes ont été plus ou moins bien acceptées, à l’exception de la circulaire n°93-14 du 15 septembre 1993. Relatif aux conditions d’ouverture des comptes professionnels en devises ou en dinars convertibles, ce texte stipule que «les titulaires des comptes professionnels en devises devront, pour le règlement de leurs dépenses en devises, utiliser en priorité et sous leur responsabilité, les disponibilités de leurs comptes et ne doivent y maintenir que les montants dont ils ont effectivement besoin» et que «tout excédent doit faire l’objet de cession contre dinar sur le marché des changes».
Cette mesure a mécontenté beaucoup de chefs d’entreprise qui estiment qu’elle «envoie un signal négatif et marque un revirement par rapport à la tendance suivie jusque-là et consistant à faire de plus en plus confiance aux opérateurs économiques en matière de gestion des devises», a reproché l’un d’entre eux, lors d’un petit déjeuner-débat organisé vendredi 19 octobre par la Chambre tuniso-britannique de commerce.
Convaincu de la justesse de son approche, le gouverneur de la BCT ne se laisse pas démonter par les critiques. «Je suis un libéral, mais je pense que dans les moments de crise, il faut manager les libertés», défend le patron de la mère des banques. Qui persiste et signe: «Il y aura une gestion active de la BCT. A chaque fois qu’il faudra intervenir on le fera quels que soient les risques», annonce-t-il.
Toutefois, le gouverneur de la BCT promet de retirer la circulaire imposant des restrictions à la gestion par les entreprises exportatrices de leur stock de devises le jour où il aura atteint l’objectif qu’il s’est fixé: faire passer le stock de devises de la BCT au-dessus de la barre des 100 jours d’importation.
«Il faut que nous ayons de quoi couvrir 100 jours d’importation. Je m’engage à atteindre les 107 ou 108 jours avant la fin de l’année», indique le gouverneur.
Le recours à cette disposition –provisoire?- a été rendu nécessaire par le fait que «la BCT ne dispose pas d’une variable d’ajustement, puisque le cours des devises n’est plus déterminée par une corbeille de devises, mais par le marché interbancaire», explique M. Ayari. Un marché dont le fonctionnement est visiblement loin de le satisfaire. «J’ai besoin de la circulaire parce que le marché interbancaire manque de transparence et est dominé par deux ou trois banques», observe le gouverneur de la BCT. Qui soupçonne, de surcroît, de la spéculation sur le stock de devises échappant au contrôle de la BCT et estimé à près de 3 milliards de dinars.