A
la suite de prêt accordé par l’Algérie au Fonds monétaire international (FMI),
d’un montant de 5 milliards de dollars, le quotidien algérien El Watan.com juge
cette mesure “frustrante“, car “… elle obéit à des règles très ordinaires de
gestion de trésorerie dans un contexte historique qui n’est, lui, pas du tout
ordinaire…“.
Mais tout d’abord, le journal explique que “sur un plan technique, l’opération
reste dans le sillon de la démarche officielle“, étant donné qu’il n’y a pas “de
risque autre que le risque souverain“. Et c’est bon à prendre, puisque
l’opération que le journal a qualifiée de «doctrine Djoudi a rapporté un peu
plus de 4 milliards de dollars en intérêts en 2011“.
Jusque-là, notre source estime que c’est “appréciable“, sauf que “la politique
de placement des excédents algériens a cependant ceci de frustrant: elle obéit à
des règles très ordinaires de gestion de trésorerie dans un contexte historique
qui n’est, lui, pas du tout ordinaire. Le monde chavire“, estime le quotidien.
Et il va plus loin pour rappeler que “les actifs s’effondrent. Les banques
s’asphyxient sans liquidités. Les Etats flirtent avec la banqueroute. Une grande
ère géopolitique commence. Celle où il faut faire une place aux Emergents“.
Le journal continue son analyse pour souligner que “l’ambition algérienne des
années Bouteflika… consiste à thésauriser pour ne pas mourir de faim dans vingt
ans. Accessoirement, à plaire aux puissants d’aujourd’hui. Qui ne sont déjà plus
tout à fait ceux de demain“. Et que “tout est résumé dans les choix de
placements de la Banque d’Algérie: 40% de bons de Trésor en dollars, 40%
d’obligations souveraines en euros. Lorsqu’Alger déroge, c’est pour prêter à la
communauté planétaire…“.
Toutefois, le journal estime que “de cette décennie -2007- 2017- de niveau de
réserves de change exceptionnellement haut, l’Algérie n’aura alors rien réussi à
construire de stratégiquement favorable. Sinon à acheter des équipements et des
services à l’allure d’un client momentanément fortuné“.
Alors, est-ce trop tard pour changer de politique et de stratégie, s’interroge
le quotidien? Et de répondre que “… peut-être pas. La requête transmise par le
Premier ministre égyptien, Hicham Kandil, la semaine dernière à Alger, suggère
les contours d’une autre politique de placement“.
En effet, “l’Algérie est en position d’être le premier garant de la stabilité
financière des processus de transition démocratique en Tunisie et en Egypte.
Pour bien moins que les 5 milliards de dollars prêtés au FMI. Et des dizaines de
milliards en dollars et en euros qui financent les déficits publics américains
et européens“. Pour ce faire, l’Algérie ne devrait pas avoir peur du Printemps
arabe, et accepter donc d’en être le premier banquier. Malheureusement, regrette
le journal, “Alger a joué le statu quo partout. Et perdu partout. Persister à
miser sur l’échec des nouvelles expériences pluralistes dans la région est un
pari sur le pire“.
Et de rappeler que le soutien de l’Algérie à la transition tunisienne se résume
à “une aide de 100 millions de dollars -dont 10 millions en dons et 50% à
intérêt nul“. Or, entre temps, “Ennahdha est arrivée à la tête de l’exécutif“
mais “Alger se délecte de voir fondre les disponibilités en devises de la Banque
centrale de Tunisie“. Pourtant, si deux milliards de dollars prêtés au Caire ne
feront pas de l’Algérie un acteur influent de la transition égyptienne, ils
serviront de passerelle vers une diplomatie économique nouvelle… Dans le cas de
la Tunisie, l’ambition peut être légitimement plus grande“.
Sans oublier que “contribuer à stabiliser la balance des paiements tunisienne en
ce moment critique pour le processus institutionnel sera… retenu comme un grand
geste historique“. Et ce d’autant plus que “… la Tunisie est le meilleur risque
stratégique pour le long terme. Paris aussi le pense. Mais n’a plus d’excédents
à offrir“, estime le journal.