Plusieurs groupes, dont le russe Severstal, sur les rangs pour Florange

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usine Arcelor-Mittal de Florange, le 3 octobre 2012 (Photo : Jean-Christophe Verhaegen)

[30/10/2012 17:39:37] PARIS (AFP) Le gouvernement, à qui il reste un mois pour trouver un repreneur aux hauts-fourneaux de Florange, aurait déjà reçu des marques d’intérêts de plusieurs groupes, dont le russe Severstal, qui avait longuement affronté Mittal lors de sa prise de contrôle d’Arcelor en 2006.

Selon le journal les Echos, le groupe sidérurgique russe Severstal aurait entamé des discussions en vue de la reprise des deux hauts-fourneaux du site lorrain, à l’arrêt depuis plus d’un an et qu’ArcelorMittal a décidé de fermer.

Non confirmées officiellement, ces informations ont malgré tout dopé le cours du groupe à la Bourse de Paris, le titre enregistrant la deuxième performance du CAC40 en clôturant sur un bond de 3,21% à 12,22 euros dans un marché en hausse de 1,48%.

“Nous ne confirmons ni n’infirmons la piste Severstal”, a juste réagi l’entourage du ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg, qui avait arraché à ArcelorMittal un délai de 60 jours pour trouver un repreneur à la filière chaude (production d’acier brut à partir de minerai de fer et charbon) du site de Florange.

Alors que le quotidien économique mentionne “deux autres repreneurs” potentiels, la même source ministérielle indique seulement que “plusieurs” accords de confidentialité ont été signés, et qu’ils ne peuvent être remis en cause.

Contacté par l’AFP, Severstal dit ne “pas commenter les rumeurs et les spéculations du marché”.

ArcelorMittal a également refusé de commenter l’information, rappelant que le groupe a donné deux mois au gouvernement pour trouver un repreneur. “Il faut attendre le 1er décembre. Nous n’en sommes qu’à la mi-temps”, a-t-on rappelé chez le groupe sidérurgique.

Le responsable de la CFDT à Florange, Edouard Martin s’est rejoui, avec prudence, de ces informations : “C’est la première bonne nouvelle depuis 15 mois, mais on va rester très prudent. On a connu suffisamment de douche froide ces dernières semaines”, a-t-il commenté à l’AFP.

“Ca nous conforte en tout cas dans l’idée que cette usine peut intéresser des repreneurs, contrairement à ce qu’ont pu dire des oiseaux de mauvais augure”, a-t-il poursuivi.

Le représentant de la CGT, Jean Mangin, s’est voulu pour sa part “réaliste”, estimant qu’il pouvait s’agir d’un “écran de fumée”. “Ca n’est pas un repreneur partiel qui va garantir les emplois”, a-t-il souligné à l’AFP.

Severstal, ancien adversaire de Mittal

Le quotiden économique a ajouté que Severstal aurait déjà envoyé un représentant en Lorraine, ce que les syndicalistes sur place n’ont pas pu confirmer.

“Si c’est le cas, il a été très discret. Mais d’après ce que l’on sait, les contacts avec Severstal sont sérieux”, a toutefois dit M. Martin.

Le nom de Severstal n’est en tout cas pas neutre dans le dossier ArcelorMittal. En 2006, le groupe russe avait subi un cuisant échec lors de la prise de contrôle de Mittal sur Arcelor.

Le sidérurgiste européen, victime d’une OPA initialement hostile, avait fait intervenir Severstal, qui s’était positionné comme “chevalier blanc” face à l’indien.

Un projet de fusion Arcelor-Severstal, monté en toute hâte par la direction d’Arcelor pour s’opposer au rachat par Mittal, avait été retoqué par les actionnaires. Ce contre-projet avait dû être abandonné après cinq mois de combat, laissant la voie libre à Mittal.

Ce passif est-il en lien avec l’arrivée de Severstal dans le dossier Florange ? Une source proche du dossier, interrogée par l’AFP, a laissé entendre que les premiers contacts entre Severstal et l’Etat auraient démarré dès le 3 octobre, 48 heures seulement après la confirmation de la fermeture définitive.

Economiquement, un rachat par Severstal laisse en tout cas perplexes certains spécialistes du secteur, à l’instar de Boris Krasnojenov, analyste chez Renaissance Capital: “Severstal ne le confirme pas. Cela doit être des spéculations, dues au fait que Severstal y livrait des plaques en acier”, estime-t-il.

“Je ne crois pas que qui que ce soit achète à ce moment des actifs en France. Ils ne sont pas rentables”, ajoute-t-il.