[30/10/2012 18:54:00] WASHINGTON (AFP) L’ampleur de l’ouragan Sandy rendait difficile d’évaluer précisément ses dégâts sur le Nord-Est des Etats-Unis mercredi, mais son passage pourrait n’avoir que des effets limités sur l’économie du pays en dépit des destructions et des arrêts d’activité causés.
Le cabinet de conseil en gestion des risques Eqecat a confirmé mercredi son estimation publiée la veille: les dégâts de l’ouragan devraient atteindre 10 à 20 milliards de dollars, pris en charge pour moitié par les assurances.
Son président Bill Keogh a néanmoins indiqué sur la chaîne de télévision Bloomberg TV que cette estimation était le fruit d’une modélisation et que l’évaluation des véritables dégâts causés par les vents et les inondations, ainsi que les fermetures d’entreprises prendrait “du temps”.
“Pour l’instant, nous n’en sommes encore qu’à la remontée des informations sur les détails en provenance du terrain”, a-t-il dit, mais il semble déjà acquis que Sandy “sera parmi les 10 à 15 tempêtes les plus destructrices” ayant frappé les Etats-Unis.
Les économistes du cabinet IHS Global Insight estiment que les dégâts matériels provoqués par Sandy – qui a fait 32 morts, selon un bilan encore provisoire – devraient dépasser les 15 milliards de dollars de pertes provoquées par le passage d’Irène en 2011 dans la même région.
En début d’après-midi, l’économie des Etats du Nord-Est du pays était encore presque totalement à l’arrêt, les transports ne fonctionnaient pas ou peu, la Bourse de New York était fermée, comme la plupart des administrations, et plus de huit millions de clients des compagnies d’électricité étaient privés de courant.
Selon l’agence d’évaluation financière Fitch Ratings, le passage de Sandy, affectait “des entreprises très diverses, comme des commerces de détail, des sièges d’entreprises, des entreprises de transport, des industries manufacturières, et des usines électriques”.
“Avantages économiques”
Les économistes d’IHS Global Insight estiment que la perte d’activité économique qui en résulte devrait atteindre “30 à 50 milliards de dollars”, soit seulement “0,2 à 0,3% du produit intérieur brut nominal du pays”.
“Une partie de ces pertes sera compensée en bout de course par les activités liées à la reconstruction”, indiquent-ils, “mais il serait naïf de défendre l’idée selon laquelle un ouragan puisse avoir en un sens un effet de relance économique”.
C’est néanmoins ce qu’affirme Peter Morici, professeur à l’Université du Maryland, pour qui les désastres naturels ont aussi des “avantages sur le plan économique”.
Ils peuvent par exemple “donner un coup de fouet à un secteur de la construction aux prises avec les difficultés tout en provoquant des réinvestissements qui dans les faits amélioreront les zones frappées et les conditions de vie de leurs habitants”, indique-t-il.
Jim O’Sullivan, du cabinet d’économistes HFE, défend un point de vue proche. “Même l’ouragan Katrina qui avait dévasté la Nouvelle-Orléans en 2005 et provoqué des dégâts estimés à 110 milliards de dollars, n’avait eu qu’un effet relativement minime sur le PIB “, souligne-t-il dans une note.
“Typiquement, ajoute-t-il, les situations météorologiques extrêmes réduisent dans un premier temps l’activité économique mais peuvent doper les dépenses et la production par la suite”.
“Le B de PIB signifie brut et non net, donc les dégâts ne sont pas soustraits du PIB, mais celui-ci bénéficie d’un effet d’ascenseur lié à la reconstruction”, note M. O’Sullivan.
Dans certain cas, fait-il valoir, la dépense est même légèrement dopée avant la catastrophe par les préparatifs de la population.