Le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie ne craint pas en augmentant encore le taux d’intérêt de freiner l’investissement comme le craignent certains. Car pour lui, «Mustapha Kamel Nabli a baissé le taux d’intérêt à deux reprises sans que cela n’ait un impact sur l’investissement». Il estime qu’«après la révolution, l’investissement obéit à d’autres facteurs». Notamment politique et sécuritaire.
Moins de deux mois après avoir, fin août 2012, augmenté de 25 points le taux d’intérêt directeur, Chadli Ayari n’exclut pas de devoir revenir à la charge. «Si l’inflation monte encore, j’augmenterai encore le taux d’intérêt directeur», promet le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT). Pour qui «les éléments poussant à la hausse le taux d’inflation sont là», dont en particulier les augmentations salariales accordées ou qui pourraient l’être à l’avenir. M. Ayari n’oublie pas, bien sûr, que comme pour le cholestérol, il y a la bonne et la mauvaise inflation. Mais celle-ci ayant déjà atteint la barre de 5,6%, cela le préoccupe d’autant que «si on enlève de cela les produits subventionnés», on se situe en réalité à plus de 6%.
Chadli Ayari ne craint pas en augmentant encore le taux d’intérêt de freiner l’investissement comme le craignent certains. Car pour lui, le passé éclaire le présent: «Mustapha Kamel Nabli a baissé le taux d’intérêt à deux reprises sans que cela n’ait un impact sur l’investissement», rappelle le nouveau patron de la BCT. Qui est convaincu qu’«après la révolution, l’investissement obéit à d’autres facteurs». Notamment les facteurs politique et sécuritaire que M. Chadli Ayari souhaite voir clarifié, pour le premier, et consolidé, pour le second. D’ailleurs, tous les interlocuteurs étrangers du gouverneur de la BCT à Tokyo, où se sont tenues récemment les Assemblées générales de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international l’ont, admet-il, «interrogé sur le risque politique» en Tunisie.
Enfin, pour le patron de la BCT, la révision à la hausse du taux d’intérêt directeur a déjà produit un effet positif: l’amorce d’un retour vers les banques de l’argent retiré après la révolution –selon lui 1,3 milliard de dinars. M. Ayari en tire la conclusion que «les investisseurs anticipent une nouvelle augmentation du taux d’intérêt directeur».
Toujours sur le plan macro-économique, le gouverneur de la BCT craint de voir «certains déficits dériver». Certes, pour lui «le déficit fait partie de la croissance. M. Ayari pointe du doigt en particulier le déficit de la balance commerciale qui s’est notablement aggravé, parce que «nos marchés sont sinistrés». «Nous avons un déficit commercial record. Nous n’avons jamais eu de décalage aussi fort», souligne-t-il.
Pour faire face à cette situation, le gouverneur de la Banque centrale a décidé de «désinciter» les banques à financer certaines importations. «Momentanément», précise-t-il. Car lorsqu’«on sera à un niveau où on peut contrôler, on changera d’attitude», promet M. Ayari.