égociations patronat-syndicats sur la flexibilité du travail, le 11 octobre 2012 au siège du Medef, à Paris (Photo : Thomas Samson) |
[31/10/2012 08:17:00] PARIS (AFP) En attendant les premières mesures du gouvernement sur la compétitivité, la négociation parallèle sur le marché du travail patine, les syndicats accusant le patronat de “jouer la montre”.
Avant la remise le 5 novembre du rapport de l’ex-patron d’EADS Louis Gallois sur la compétitivité, et les décisions qui suivront, le Medef “joue la montre dans les négociations” sur la sécurisation de l’emploi, estime le patron de la CGT Bernard Thibault.
“Une partie du patronat semble conditionner son attitude dans la négociation au débat et aux arbitrages futurs du gouvernement sur ses revendications visant à diminuer le coût du travail”, soulignait-il le 24 octobre.
Le lendemain, le patronat semblait donner raison à M. Thibault, en obtenant que les négociations reprennent seulement le 15 novembre, c’est-à-dire après la remise du rapport Gallois.
Très agacé, le secrétaire général de la CFDT François Chérèque a appelé mardi le patronat à “se bouger un petit peu” et avancer des “propositions sérieuses” car sinon, a-t-il prévenu, il n’y aura “pas d’accord historique”.
Sur ce dossier délicat et majeur pour l’emploi, les entreprises françaises et leurs salariés, le président de la République a souhaité que syndicats et patronat trouvent avant la fin d’année un “compromis historique” entre “plus de souplesse” pour les entreprises et “plus de protection” pour les salariés.
Mais depuis le 4 octobre, syndicats et patronat ont très peu avancé. A raison d’une courte séance hebdomadaire, ils ont juste achevé la revue des opinions de chacun sur les quatre volets de la feuille de route du gouvernement: lutte contre la précarité, anticipation des évolutions d’activité, dispositifs de maintien de l’emploi en cas de difficultés, et réforme des licenciements collectifs.
Un Medef en position d’attente
“Au prochain rendez-vous, on va construire”, a promis le principal accusé, le négociateur du Medef, Patrick Bernasconi.
Le Medef n’est “pas entré dans toute la largeur du sujet”, “il est très craintif” et “a besoin de savoir où en est le gouvernement”, observe Bernard Vivier, directeur de l’Institut supérieur du travail.
Si le gouvernement le décevait fortement sur la compétitivité, le patronat sera moins enclin à des concessions, confirme un cadre du Medef pour lequel il faut une “cohérence” entre les deux chantiers.
Il y a une dimension dans la compétitivité “qui est l’adaptabilité, la souplesse, la flexibilité, ce mot tabou, et c’est de ça dont nous parlons dans la négociation avec les organisations syndicales”, relevait récemment la patronne du Medef Laurence Parisot.
Compétitivité et marché du travail “sont évidemment liés” car “combien coûte d’attendre 6 mois pour lancer un plan social ou combien coûte à la collectivité un salarié au chômage qui n’a pas été formé pendant 25 ans”, interroge M. Vivier.
Pour le négociateur CFDT, Patrick Pierron, “le dialogue social dans l’entreprise est un facteur de compétitivité” quand il permet de “mieux anticiper les évolutions et les stratégies”, coeur du volet 2 de la négociation.
La “passerelle” entre les deux chantiers, observe la sociologue Annette Jobert, est “l’anticipation”, “l’idée qu’on peut trouver par le dialogue social des moyens de modifier à long terme des produits ou l’organisation du travail pour faire face aux problèmes de compétitivité dans un marché très concurrentiel”.
Le dossier compétitivité “tend une négociation déjà tendue”, souligne-t-elle. Mais elle “n’imagine pas que le Medef préfère laisser le gouvernement légiférer”, faute d’accord.
Dans “ce jeu très délicat à l’oeuvre entre le Medef et le gouvernement”, abonde M. Vivier, le Medef a “intérêt à aboutir à un accord avec les partenaires sociaux pour bloquer toute autre initiative du gouvernement”.