Grèce et Portugal en phase parlementaire sous la loupe de Bruxelles

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Le Premier ministre grec Antonis Samaras arrive au parlement, le 31 octobre 2012 (Photo : Louisa Gouliamaki)

[31/10/2012 14:03:33] ATHENES (AFP) Athènes et Lisbonne ont présenté mercredi des projets de budget 2013 d’austérité drastique qui relancent la contestation sociale, sous la loupe de Bruxelles qui tient les cordons de la bourse.

Premier test crucial pour le maintien de la Grèce dans la zone euro, le gouvernement grec a présenté son projet de budget 2013 comportant un nouveau paquet d’économies de 9,4 milliards d’euros, qui devait être jaugé en direct par les partenaires et bailleurs de fonds du pays lors d’une téléconférence des ministres des Finances de la zone euro.

Juste avant d’examiner la copie d’Athènes, la Commission a envoyé un coup de semonce à Athènes en démentant l’existence à ce stade d’un accord entre Athènes et la troïka de ses créanciers (UE-BCE-FMI), contrairement à ce qu’avait annoncé mardi le Premier ministre grec, Antonis Samaras.

“Nous sommes en train de réduire de manière continue le nombre de questions à régler”, a déclaré à la presse un des porte-paroles de la Commission, Simon O’Connor, se disant “confiant dans le fait qu’un accord intervienne bientôt au niveau technique”.

Côté économies budgétaires, sur le total prévu par la Grèce à la demande de ses créanciers, 7,6 milliards viennent de coupes dans les retraites, salaires de la fonction publique et aides sociales, les retraités étant les plus gros contributeurs à l’effort (4,68 milliards) via un recul de deux ans envisagé de l’âge de départ en retraite (67 ans au lieu de 65).

Le budget prévoit aussi près de deux milliards de hausse des recettes.

Soit un effort d’économie exactement conforme aux engagements pris par la Grèce, malgré les difficultés de négociation au sein de la coalition gouvernementale droite-gauche et le risque d’explosion sociale.

Il permettra de réduire le déficit budgétaire à 5,2% du PIB au lieu de 6,6% attendu en 2012, mais s’inscrit dans un paysage économique totalement dévasté en Grèce, qui traversera l’an prochain sa sixième année consécutive de récession.

Le PIB devrait ainsi chuter de 4,5% selon les projections du gouvernement contre -6,5% attendu en 2012 tandis que la dette devrait exploser à 189,1% du PIB, soit 346,2 milliards d’euros, contre 175,6% attendu en 2012.

Tutelle

Au Portugal, également sous la coupe d’une troïka UE-FMI-BCE, les 5,3 milliards d’économies du budget 2013 viennent principalement de hausses d’impôts, une recette déjà appliquée en 2010 et 2011 en Grèce, et très contestée.

Le parlement portugais votait mercredi la proposition de budget pour 2013 du gouvernement de centre droit, tenu d’accentuer la politique de rigueur menée sous la tutelle de ses créanciers en dépit d’un mécontentement, là aussi, grandissant.

L’objectif est de ramener le déficit public à 4,5% du PIB, contre un objectif de 5% cette année.

A Lisbonne, dans l’après-midi, une manifestation est prévue devant l’Assemblée à l’appel de mouvements de citoyens et syndicats de fonctionnaires qui entendent dénoncer ce nouveau train de mesures d’austérité. Et les syndicats ont appelé à une grève générale le 14 novembre.

En Grèce, le dépôt du projet de budget, accompagné dans la foulée “du projet du cadre de stratégie des finances publiques à moyen terme (2013-2016)”, a aussi relancé la mobilisation sociale, avec un appel à une grève de 48 heures les 6 et 7 novembre contre ces nouvelles mesures d’austérité.

“Nous estimons que les nouvelles mesures seront déposées lundi le 5 au Parlement et seront débattues les 6 et 7 novembre avant leur adoption”, a indiqué à l’AFP Stathis Anestis, haut responsable de la GSEE.

Dès mercredi, une manifestation à l’appel des deux centrales du privé et du public, ADEDY et GSEE, était prévue dans la soirée.

La Grèce a un besoin vital et urgent de recevoir une injection, attendue depuis juin, de 31,2 milliards d’euros de ses bailleurs de fonds, notamment pour honorer un remboursement d’emprunt le 16 novembre.

Si elle était incapable de faire voter l’un ou l’autre des deux textes avant l’Eurogroupe crucial du 12 novembre, au cours duquel un “rapport” de la troïka sera examiné avec ses recommandations, la Grèce verrait alors probablement reculer encore la date du versement de cette tranche vitale, et serait probablement obligée de faire défaut, les caisses du pays étant vides.

Pour monter sa bonne volonté à ses créanciers, le parlement grec a adopté mercredi une nouvelle loi de privatisation, permettant à l’Etat de réduire quasiment à néant sa participation dans les sociétés publiques, qui seront cédées totalement ou partiellement.

L’objectif des privatisations a d’ailleurs été sérieusement revu à la baisse dans les négociations avec la troïka, portant désormais sur 9,5 milliards d’ici 2016 -dont 2,5 milliards en 2013- au lieu de 19 milliards d’ici 2015, selon le projet “du cadre de stratégie des finances publiques 2013-2016”.