Budget UE 2014-2020 : surenchère d’égoïsmes nationaux

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éen à Strasbourg et les drapeaux des pays membres (Photo : Frederick Florin)

[31/10/2012 16:21:08] BRUXELLES (AFP) Sans surprise, les pays les plus riches de l’Union européenne se sont lancés dans une surenchère de menaces afin de réduire leurs contributions pour le prochain budget pluriannuel 2014-2020, au risque de ruiner sa capacité de réaction en période de crise.

“La France ne saurait soutenir un budget pluriannuel qui ne maintiendrait pas les crédits de la Politique agricole commune”, a averti mercredi le ministre des Affaires européennes Bernard Cazeneuve, au lendemain de la présentation par la présidence chypriote de l’UE d’un contre-projet réduisant de 50 milliards la proposition de la Commission européenne.

Dans un souci d’équité, les Chypriotes ont cherché des économies dans toutes les rubriques et ont taillé 11 milliards dans la PAC, dont 3,4 milliards sur les aides directes aux agriculteurs. Inconcevable pour la France, principale bénéficiaire de cette politique.

“D’autres sources d’économies peuvent être exploitées”, a insisté le ministre français, citant le rabais britannique, un chèque compensatoire de 3,5 milliards d’euros en 2011, auquel la France a contribué pour 965 millions.

Le chèque signé chaque année depuis 1985 à l’ordre de Londres est vécu comme une iniquité par les Etats les plus taxés: la France, l’Italie, l’Espagne. Mais le coup de sang est venu de la Première ministre du Danemark, Helle Thorning-Schmidt, qui a annoncé la semaine dernière son refus de continuer à payer pour les rabais accordés aux autres pays riches.

Meneur de la fronde lancée il y a un an par sept des 12 contributeurs nets pour réduire un budget européen jugé trop dispendieux en période de crise, le Premier ministre britannique David Cameron se retrouve de plus en plus contesté à cause de cet avantage. Il est menacé d’isolement à moins d’un mois du sommet extraordinaire organisé les 22 et 23 novembre pour arrêter le montant des engagements pour la période 2014-2020.

Il a répété mercredi devant la Chambre des communes sa détermination à mettre un veto à toute augmentation des dépenses, mais sa capacité de négociation avec ses partenaires européens est réduite par les exigences venues à la fois de sa famille politique et de l’opposition travailliste, réclamant davantage de coupes.

Le camps des durs s’est délité depuis quelques semaines. Les “talibans”, selon l’expression d’un haut responsable européen, ne sont plus que quatre: Royaume-Uni, Suède, Finlande et Pays-Bas.

“Les Français sont devenus plus raisonnables et on peut à nouveau discuter avec eux, ce qui est était impossible avec Sarkozy”, ont expliqué à l’AFP deux sources européennes impliquées dans les négociations.

L’Allemagne est engagée dans une logique propre qui consiste à “s’assurer que les fonds européens sont bien dépensés sur des projets nécessaires”, ont-elles souligné. L’Autriche est sur la même ligne.

Allemand et Français militent pour réduire de 70 à 100 milliards d’euros le projet de budget de la Commission, qui prévoit 1.033 milliards en crédits d’engagements.

Cette position permet de négocier avec les bénéficiaires de la politique de cohésion, deuxième poste avec 43% des dépenses en 2011, juste derrière la PAC (44%). Cette politique, qui a longtemps bénéficié aux pays du sud de l’Europe, permet aujourd’hui aux nouveaux adhérents de l’Est de combler leur retard de développement.

“Tout est possible lors du sommet de novembre, même les miracles”, a jugé un haut responsable européen. “Un échec aurait un effet dévastateur sur la confiance des marchés et des investisseurs, car il signifierait que l’Union européenne est incapable de s’entendre sur la redistribution de ses ressources en période de crise”, a-t-il averti.

En cas d’échec en novembre, le budget serait reconduit sur la base des plafonds de l’année 2013 jusqu’à ce que soit trouvé un accord. Une nouvelle tentative serait programmée en avril 2013, a-t-on confié de source européenne.