Investia, le premier Salon de la Bourse et des services financiers, qui a démarré jeudi 1er novembre ouvert officiellement par Hamadi Jebali, chef du gouvernement, annonce un programme triennal visant trois objectifs.
Le premier, indique, Mohamed Fadhel Abdelkéfi, président du Conseil d’Administration de la Bourse de Tunis, serait de faire connaître les atouts de la Bourse, de mieux faire connaître les atouts de la Bourse auprès des entreprises tunisiennes. «La Bourse de Tunis pourrait permettre aux entreprises de se recapitaliser sur le marché et de résoudre un problème patrimonial puisque nous savons qu’une grande partie de notre tissu industriel et économique a été édifié par de grandes entreprises familiales et que l’introduction de nombre de ces entreprises à la Bourse pourrait le dynamiser encore plus». Mais pas seulement, le programme de la Bourse de Tunis prévoit des campagnes de communication et d’information visant l’instauration de la culture boursière auprès des élèves, étudiants, des entreprises et même des gens de la profession.
La corporation des intermédiaires en Bourse est de plus en plus visible sur le marché financier, il s’agit surtout de valoriser son image: «Nous savons pertinemment que la Bourse de Tunis a souffert d’une mauvaise perception, et c’est à nous de prouver le contraire et de démontrer que la Bourse n’est ni un temple de spéculation ni un club de riches ou d’initiés. C’est un lieu où les entreprises et le gouvernement tunisien peuvent se procurer les capitaux pour servir l’économie du pays», précisera M. Abdelkéfi qui déplore une l’absence du rôle de la Bourse en tant que vecteur de développement économique face à l’existence d’infrastructures techniques, humaines et règlementaires qui répondent aux meilleurs standards mondiaux: «5% de financement de l’économie, une capitalisation boursière qui représente 24% du PIB, 59 sociétés cotées, et nombre de secteurs qui n’existent même pas sur l’échiquier boursier de Tunis, celui de l’agriculture, des télécoms, des textiles…».
«La Bourse de Tunis est aujourd’hui un moulin bien huilé sans grains à moudre», estime Fadhel Abdelkéfi qui s’est adressé au chef du gouvernement en l’appelant à encourager l’introduction en Bourse des entreprises publiques, et au gouverneur de la BCT pour ce qui est du niveau de dettes des entreprises tunisiennes.
Mais trois préalables sont indispensables pour construire un véritable marché financier, à savoir la volonté politique, la cotation d’une partie des entreprises publiques, la mobilisation de la corporation des intermédiaires en Bourse pour l’adhésion des entreprises au principe de leur recapitalisation sur le marché boursier et l’encouragement de plus de coordination entre la Bourse et les banques commerciales. «Nous savons aujourd’hui que la plupart des entreprises qui pourraient chercher des fonds à la Bourse sont les clientes des Banques commerciales, d’où l’importance de les convaincre de changer de cap et cela serait d’autant plus utile pour l’Etat».
Chedly Ayari, gouverneur de la BCT, pour sa part, a insisté sur la nécessité d’user des financements bancaires en tant que relais pour ouvrir «aux entreprises la possibilité d’accéder à d’autres alternatives de financement mieux adaptées à leurs besoins». Le marché financier constitue un vecteur de choix pour les épargnes longues, a assuré M. Ayari.
En dépit des efforts de l’Etat, le marché boursier reste marginal et bien en deçà des attentes, «le mode de financement des entreprises étant monopolisé par le leasing ou le crédit bancaire».
Le marché boursier a présenté à ce jour des résultats mitigés avec un financement très faible du tissu économique, a affirmé le gouverneur de la BCT, alors que les possibilités offertes par le marché financier peuvent prendre des formes multiples tout au long du cycle de vie de l’entreprise et principalement les PME.
Investia, comme l’a à juste titre annoncé le président du Conseil d’Administration de la Bourse de Tunis, est un premier pas vers le désenclavement de la Bourse pour la rendre plus accessible non pas aux professionnels, à travers les médias, au grand public, ce qui œuvrera, d’une part, en faveur de sa démystification et, d’autre part, en faveur de l’amélioration de son image ternie par des pratiques que nombre de personnes jugeaient non-étiques. Il ne s’agit-là que d’un début.
Nous y reviendrons.
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