ège de la société chinois CNOOC à Pékin (Photo : Frederic J. Brown) |
[03/11/2012 08:00:19] MONTREAL (AFP) Le Canada a annoncé vendredi soir qu’il prolongeait pour une période supplémentaire de 30 jours l’examen du plus gros projet de rachat d’une société chinoise à l’étranger, celui du groupe pétrolier canadien Nexen par la société CNOOC, d’un montant de 15,1 milliards de dollars.
Ce projet, politiquement délicat pour le gouvernement conservateur canadien, suscite la controverse au Canada depuis qu’il a été annoncé en juillet.
Nexen n’est que la dixième compagnie pétrolière du pays par son chiffre d’affaires, mais elle détient des actifs dans les sables bitumineux de l’Alberta, province de l’ouest du pays qui abrite la troisième réserve de pétrole de la planète.
Une majorité de Canadiens, selon plusieurs sondages, considère qu’il s’agit là d’actifs “stratégiques” que le Canada ne devrait pas laisser passer sous contrôle étranger, d’autant que l’acheteur est une société d’Etat, sur laquelle de surcroît ils n’exercent aucun contrôle.
Néanmoins, Nexen tire plus des deux tiers de son chiffre d’affaires de ses projets à l’étranger, notamment en mer du Nord, soulignent les analystes favorables à ce rachat.
Selon pratiquement tous les analystes, la décision du Canada dans ce dossier jouera en grande partie, du moins à cour terme, un rôle majeur dans l’avenir de ses relations économiques avec la Chine, qu’il souhaite améliorer, Pékin étant son deuxième partenaire commercial après les Etats-Unis.
Après une période initiale d’examen de 45 jours, le ministre canadien de l’Industrie, Christian Paradis, qui doit décider si cet investissement est profitable pour l’économie canadienne, avait déjà annoncé en octobre qu’il prolongeait de 30 jours cette étude. Une décision était attendue au plus tard vendredi prochain.
Cette fois, M. Paradis a annoncé dans un communiqué qu’il renouvelait l’étude pour 30 jours, même si pour ce faire, il a dû, conformément à la loi canadienne sur l’investissement, obtenir le consentement de l’acheteur, le géant chinois CNOOC. Il doit établir si l’investissement proposé représente un avantage “net” pour l’économie du pays.
La décision finale “reposera sur les six facteurs clairs décrits à l’article 20 de la Loi (ndlr: sur les investissements étrangers), ainsi que sur les lignes directrices sur les investissements au Canada par des entreprises d’État étrangères”, a indiqué M. Paradis.
Depuis deux mois, l’opposition à Ottawa s’évertue à faire la démonstration au parlement que les critères “clairs” invoqués par le ministre ne le sont justement pas et que la décision finale en sera une finalement politique avant tout.
Cette annonce intervient une semaine après que le gouvernement a rejeté, dans sa forme initiale, le projet de rachat d’une autre société pétrolière canadienne, Progress Energy, par une autre société d’Etat étrangère, la malaisienne Petronas, pour près de 5,2 milliards de dollars.
“Tout le temps nécessaire sera consacré à un examen minutieux et approfondi de cette proposition d’investissement”, a répété M. Paradis à propos du projet du géant CNOOC.
Considéré favorable à l’investissement étranger, le gouvernement du Premier ministre Stephen Harper est divisé sur ce rachat, des ministres ayant exprimé publiquement leur réserve, tandis que des députés, notamment de la province pétrolière de l’Alberta, fief du parti conservateur, se sont prononcés contre, au même titre que le principal parti d’opposition au Parlement fédéral à Ottawa.
Les conservateurs ont déjà refusé deux rachats étrangers au Canada depuis leur arrivée au pouvoir en 2006 et c’était les premiers que le pays bloquait depuis la promulgation de sa loi sur les investissements étrangers en 1985.