électronique lors de la présidentielle américaine de 2008 (Photo : Tim Sloan) |
[03/11/2012 10:45:16] WASHINGTON (AFP) L’élection présidentielle américaine n’est pas à l’abri d’éventuels ratés des machines électroniques utilisées par un quart des électeurs pour voter, 12 ans après l’imbroglio qui avait mené au recompte des bulletins d’Al Gore et George W. Bush en Floride.
“Nous n’avons pas beaucoup progressé depuis 2000”, déplore Douglas Jones, scientifique de l’université de l’Iowa (centre) et co-auteur du livre “Broken Ballots” (“Les mauvais bulletins”), publié cette année.
“Nous avons fait beaucoup d’efforts pour changer les procédures de vote, mais dans beaucoup de cas nous avons changé trop rapidement les systèmes et nous les avons remplacés par des systèmes qui n’ont pas été suffisamment vérifiés”, souligne M. Jones.
La technologie utilisée par certaines machines date de dix ans, voire davantage, et ces machines devraient être renouvelées. En outre, certains systèmes présentent des failles en matière de sécurité ou ne peuvent pas prendre en compte d’éventuels nouveaux décomptes des voix.
“Toutes les faiblesses du système apparaissent une fois que l’élection est close”, souligne M. Jones, si bien que, dans les Etats “où les scores seront très serrés, les gens mettront en doute la régularité” du scrutin.
Une des critiques récurrentes porte sur l’utilisation d’appareils entièrement électroniques sans aucune trace écrite des votes effectués, selon la Fondation pour un vote vérifié (“Verified Voting Foundation”, VVF).
Sandy ajoute un élément d’incertitude
électronique lors de la présidentielle américaine, le 25 octobre 2012 à Chicago (Photo : Mandel Ngan) |
Les systèmes de vote sont jugés “insuffisants” ou ont besoin d’être améliorés dans 20 Etats américains sur 50, estimait un rapport publié début 2012 par le département de droit de l’université Rutgers. Parmi ces Etats défaillants, 16 utilisent des systèmes sans trace écrite. Six autres Etats sont qualifiés de “bons” en la matière et 24 “globalement bons”.
Le passage de l’ouragan Sandy sur les Etats-Unis le 29 octobre ajoute un autre élément d’incertitude, souligne un chercheur de l’université d’Utah, Thad Hall.
“Sans électricité, les machines électroniques fonctionneront aussi longtemps que leurs batteries seront en état de marche. Ca veut dire aussi que les électeurs qui votent manuellement ne pourront pas recevoir de scanners pour identifier d’éventuelles erreurs de bulletins”, précise-t-il.
En outre, “certains électeurs ne pourront pas physiquement aller voter parce qu’ils ont été évacués loin de leur bureau de vote”.
La catastrophe pourrait avoir un impact disproportionné sur l’électorat démocrate: une plus faible participation signifierait “non pas qu’Obama ne remportera pas les Etats affectés” par Sandy “mais que nous aurons le même scénario qu’en 2000, un gagnant élu avec moins de voix” que son rival au niveau national.
Entre 4 et 6 millions de bulletins ont été “perdus” en 2000, et “peu de choses ont changé depuis”, selon un rapport publié en septembre par le Projet de vote électronique (Voting Technology Project).
électronique pour la présidentielle américaine, le 4 novembre 2008 à Reno, dans le Nevada (Photo : Max Whittaker) |
L’augmentation des votes par correspondance ou par internet, notamment pour les expatriés ou les militaires, suscite des questions en matière de sécurité.
Dans un vote par correspondance, les bulletins ne sont “pas secrets et (…) sont susceptibles d’être convoités” par l’un ou l’autre des candidats, note Charles Stewart, un des auteurs du rapport.
Pour M. Jones, la méthode la plus fiable reste les bulletins papier scannés électroniquement, même si “tout se complique quand il n’y a pas de trace écrite” ou “quand les touches sur l’écran ne fonctionnent pas”.
Mais pour Paul DeGregorio, un consultant, la technologie doit être considérée comme une solution et non comme un problème: “La technologie peut permettre de légitimer le vote légal et d’attraper ceux qui essaient de voter illégalement”. Le vote électronique a “empêché des milliers d’erreurs” de vote, assure-t-il.