Directoire de la BCE : l’Espagne bloque la procédure, nomination retardée

photo_1352122386955-1-1.jpg
à Strasbourg (Photo : Patrick Hertzog)

[05/11/2012 13:36:17] BRUXELLES (AFP) La nomination d’un nouveau membre du directoire de la BCE, qui suscite depuis des semaines une polémique sur l’absence de femmes, a été bloquée par l’Espagne, et doit maintenant être soumise à un sommet des dirigeants européens, a-t-on appris lundi de sources concordantes.

Le Conseil européen avait lancé la semaine dernière une procédure écrite pour confirmer la nomination du Luxembourgeois Yves Mersch au directoire de la Banque centrale européenne. Les gouvernements avaient jusqu’à lundi pour y répondre.

M. Mersch est considéré comme un partisan d’une politique monétaire rigoureuse, proche des positions défendues par la Bundesbank.

Pour être validée, la procédure écrite de nomination devait être approuvée à l’unanimité par les 17 pays membres de la zone euro.

Or elle “a été bloquée par au moins un Etat membre, l’Espagne, ce qui suffit à l’interrompre”, ont annoncé dans un communiqué deux députés européens en pointe sur ce dossier, la libérale Sylvie Goulard et le Vert Sven Giegold.

L’information a été confirmée de sources européennes proches du dossier.

La nomination doit maintenant revenir devant les chefs d’Etat et de gouvernement lors d’un sommet européen. Les prochains ont lieu les 22 et 23 novembre, puis les 13 et 14 décembre.

Si aucun Etat membre n’avait bloqué le processus, M. Mersch aurait pu être désigné à une majorité qualifiée. Il était prévu qu’il prenne ses fonctions le 15 novembre. L’entrée en fonction du nouveau membre, que ce soit finalement M. Mersch ou une autre personnalité, est donc repoussée de plusieurs semaines, voire plusieurs mois.

Le poste est vacant depuis la fin du mandat en mai de l’Espagnol José Manuel González-Páramo.

M. Mersch, 63 ans, actuel gouverneur de la Banque centrale du Luxembourg, a été recommandé en juillet dernier par les ministres des Finances européens. Il a été préféré à deux autres candidats masculins: un autre Espagnol, Antonio Sainz de Vicuña, et le Slovène Mitja Gaspari.

Mais sa nomination a soulevé une sérieuse polémique, puisque le Conseil des gouverneurs et le directoire de la BCE ne comptent plus aucune femme, et ce au moins jusqu’en 2018, date du prochain renouvellement.

Le Parlement européen notamment avait rejeté sa nomination lors d’un vote consultatif.

Vendredi, Mme Goulard et M. Giegold s’étaient indignés de la volonté du Conseil, représentant les Etats, de passer en force en lançant une procédure écrite en pleine semaine de vacances de la Toussaint.

“La bataille continue pour éviter un directoire de la BCE qui ne compterait que des hommes en violation des principes fondamentaux de l’Union européenne” ont-ils affirmé lundi.

Ils appellent le président du Parlement européen, Martin Schulz, qui en a la prérogative, à “demander officiellement au Conseil de désigner un nouveau candidat, qui serait en l’occurence une candidate compétente”.

Mme Goulard avait souligné vendredi que le Parlement avait suggéré pour le poste de nombreuses personnalités féminines, notamment néerlandaises et finlandaises, deux pays qui défendent des positions monétaires orthodoxes.

La dernière femme à avoir été membre du directoire, l’Autrichienne Gertrude Tumpel-Gugerell, a été remplacée en 2011 par un homme, le Belge Peter Praet, préféré à une candidate slovaque.

Le Conseil des gouverneurs de la BCE, principal organe de décision de la banque centrale, est composé de 23 membres, les six membres du directoire et les 17 gouverneurs des banques centrales nationales.