Tout le sud-ouest (gouvernorats de Tozeur et de Kébili) devait attendre ses hajjs le seul vol prévu pour le vendredi 2 novembre. L’avion affrété par Tunisair devait atterrir dans la matinée vers 11H00. Mais s’était sans compter avec les aléas du hajj 2012, et des aléas il y en a eu! Ainsi, vers 8H00, on s’est aperçu par un coup de fil à la Mecque que les hajjs sont encore à l’aéroport de Médine dont ils ont dû goûter les charmes depuis les premières heures du matin du vendredi puisqu’ils étaient embarqués dans les bus et attendaient l’avion. Renseignement pris à Tunisair, l’avion n’est pas encore parti de Tunis et il aura 10 heures de retard -pas moins! Formidable!
La nuit tombée sur Tozeur, ce vendredi 2 novembre, sera longue et agitée. Dès les premières heures, des longues colonnes de voitures de tous genres déferlaient sur la ville venant de Kébili via le Chott Jerid, Nafta, Degueuche et d’ailleurs. L’avion est annoncé pour 21H00 et les gens se ruaient à l’aéroport de Tozeur-Nafta, tout petit et incapable de contenir cette déferlante. L’avion transporte plus de 260 pèlerins, et il y a avait vers 20H00 une foule immense de plus de 5.000 personnes et des centaines de voitures de tout gabarit.
La Garde Nationale, la police de la circulation, des agents des autres brigades de sécurité et tout ce que compte l’aéroport d’agents de sécurité ou de défense civile s’y mettaient. Peine perdue!?
Le petit parking de l’aéroport est débordé et les voitures s’empilent tout autour sur un espace emménagé heureusement mais sans queue ni tête, les vendeurs des merguez, des sandwichs, et autres thé, œufs durs et soda finissent par clore le spectacle. Personnes ne peut plus ni sortir ni enter. Sur la route sensée être réservée pour le retour, d’autres voitures sont garées, à tort et à travers, ce qui perturbe encore plus la circulation!
Devant la petite salle d’entrée de l’aéroport, les flics ont dressé des barrages métalliques. Les hajjs seront accueillis à l’intérieur de la salle d’arrivée, et ils seront conduits par les agents de l’aéroport jusqu’à la sortie des barrières métalliques où ils peuvent être reçus par les leurs. Déjà des youyous transpercent la nuit et les sons des «bendirs» et des «tabbals» se font entendre. L’avion commence sa descente vers 21H30! Là tout bouge.
La vingtaine ou plus d’agents de l’ordre a vite été débordé par la foule. Les barrières métalliques n’ont pas trop résisté, surtout une centaine de personnes a trouvé le moyen d’entrer dans la salle principale par le bais du système tunisien où tout interdit est contournable par quelqu’un. Les assaillants ont bloqués les portes. Les hajjs ne peuvent plus sortir. Les flics à l’entrée de la salle sont débordés. On se chamaille. Des coups partent à droite et à gauche dans la foule. Les vitres d’une porte latérale éclatent en morceaux. On commence à avoir vraiment peur pour les quelques hajjs fatigués par une longue journée d’attente et qui sont la plupart âgés et fragiles.
Enfin, les agents de la Garde nationale, après des palabres d’au moins une demi-heure et quelques coups francs de matraque, parviennent à débloquer la porte et les hajjs arrivent enfin à sortir de l’ornière.
Il faut maintenant arriver au parking, prendre les voitures, traverser Tozeur, klaxon hurlant et drapeau au vent, et rentrer chez soi. Mais déjà il est minuit et demi quand les premiers hajjs sortent enfin sous les youyous des femmes.
Pour une nuit de hajj, ce fut une sacrée nuit! Sans jeu de mot.