érité, le 7 novembre 2012 (Photo : Sakis Mitrolidis) |
[07/11/2012 13:05:38] ATHENES (AFP) Les 300 députés grecs se préparent mercredi à une longue nuit, appelés à voter mercredi soir, sous la contrainte des créanciers UE et FMI et en procédure d’urgence, un projet de loi controversé resserrant l’étau de rigueur sur la Grèce pour quatre ans supplémentaires.
Ce vote, qui se veut une nouvelle fois déterminant pour le maintien du pays dans la zone euro et le déblocage des prêts européens et du FMI, intervient sur fond de grève et manifestations anti-austérité dans une Grèce étouffée par trois ans d’austérité et cinq ans de récession.
Entamée mardi, une grève générale de 48 heures à l’appel des deux principaux syndicats, laissait des traces dans les rues d’Athènes mercredi, où aucun transport en commun ne circulait, alors que des tas de poubelles non ramassées s’accumulaient sur les trottoirs.
La raison de la colère repose sur un nouveau train d’économies de plus de 18 milliards d’euros à réaliser d’ici 2016, rabotant les hauts salaires de la fonction publique, du chef d’état major de l’armée aux universitaires en passant par les policiers et les juges.
Les mesures sont contenues dans un seul article de loi de plus de 400 pages comprenant aussi de nouvelles coupes dans les retraites, le départ de milliers de fonctionnaires, une dérégulation accrue du marché de l’emploi et des services, ainsi que des augmentations de taxes.
Le vote est une condition sine qua non pour obtenir le feu vert de l’UE et du FMI pour le versement d’une tranche vitale de 31,2 milliards d’euros du prêt promis au pays l’hiver dernier, alors que les caisses de l’Etat grec seront vides avant la fin du mois.
érité, le 6 novembre 2012 (Photo : Max Gyselinck) |
L’austérité ou la faillite. Le dilemme pour les parlementaires grecs reste inchangé, comme lors des trois votes similaires intervenus depuis le début de la crise en 2010 et la mise de la Grèce sous un carcan d’austérité, en échange de prêts pour lui éviter la faillite.
A la différence près, que la plupart des économistes dénoncent maintenant dans le monde entier les ravages d’une politique du tout austérité.
Sur le plan politique, ce vote menace la cohésion de l’attelage gouvernemental – où trois partis sont représentés, Nouvelle-Démocratie (droite), Pasok (socialiste) et Dimar (gauche) – dirigé par le conservateur Antonis Samaras qui a choisi de présenter le paquet en un seul article pour tenter de contourner les broncas de députés de plus en plus nombreuses.
Ayant subi trois défections depuis sa formation en juin, deux députés de droite et un du Dimar, le gouvernement possède encore une majorité théorique de 176 députés sur 300.
Et la plupart des 16 députés du Dimar et certains du Pasok ne digèrent pas les mesures portant sur la réduction des indemnités de licenciements et la dérégulation du marché du travail, en faisant valoir qu’elles n’apportent rien à la Grèce sur le plan de son assainissement budgétaire.
La plupart des analystes et de la presse estiment néanmoins que le projet va être adopté à une majorité très serrée, avec 155 voix environ.
Pour Dimitris Tsikerdis, 35 ans, informaticien en contrat à durée déterminé jusqu’en décembre, “le projet au parlement ce soir passera, les députés le voteront, même si le résultat sera serré et avec une très faible majorité”.
Cet électeur de la gauche radicale Syriza ira manifester lundi soir devant le Parlement, tout en admettant que les manifestations “n’ont rien changé en Grèce” jusqu’à présent.
Mercredi, les Une des quotidiens faisaient le catalogue des mesures rendues public à la dernière minute lundi soir par le gouvernement. “Mesures venimeuses avec des amendements au dernier moment”, titrait Ta Néa (centre-gauche).
“L’adoption des mesures, même si elles sont douloureuses, est nécessaire pour que le pays sorte de la récession”, souligne ce quotidien dans son éditorial.
A droite, Elefteros Typos, soutien de M. Samaras, tentait d’analyser “les changements” dans la vie quotidienne des Grecs et pour leurs poches: “Qu’est-ce qu’ils vont voter ? Qu’est-ce qu’on va payer ?”.
Mercredi, la grève paralysait la capitale, même si le métro devait reprendre son fonctionnement dans l’après-midi pour permettre aux manifestants d’aller défiler.
Les transports maritimes et aériens étaient perturbés. Le secteur de la santé était paralysé: pharmacies fermées et hôpitaux fonctionnant avec du personnel d’astreinte. Perturbations aussi dans certaines banques, dans la justice, et les collectivités locales.
Après une manifestation calme mardi, GSEE et Adedy ont appelé à de nouveaux rassemblements mercredi à 15H00 GMT sur la place Syntagma devant le parlement, où le vote ne devrait intervenir qu’au petit matin jeudi.
En attendant, le débat au parlement était houleux, interrompu par un vote merredi matin, qui a finalement rejeté (par 170 voix) une motion “d’anticonstitutionalité” du projet, déposée par le principal parti d’opposition, Syriza (gauche radicale), et les Grecs indépendants (populo-nationaliste).
“Ce projet de loi va plonger le pays dans une récession prolongée et la procédure d’urgence est contre la constitution”, a lancé le chef du Syriza Alexis Tsipras.