La zone euro ne verra pas le bout du tunnel avant 2014, prévient Bruxelles

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éen en charge des Affaires économiques, Olli Rehn,le 7 novembre 2012 à Bruxelles (Photo : Georges Gobet)

[07/11/2012 17:07:16] BRUXELLES (AFP) La zone euro va encore traverser une zone de turbulences en 2013, marquée par une croissance en berne, des dérapages budgétaires et un chômage de masse, avant d’espérer une éclaircie, notamment en Grèce après six années de récession, selon la Commission européenne.

Plus pessimiste qu’auparavant, Bruxelles estime dans ses prévisions économiques d’automne publiées mercredi que la zone euro devrait sortir de récession en 2013 mais avec une croissance au point mort (+0,1%). Elle devrait renouer avec la croissance l’année suivante (+1,4%).

Avec cette croissance atone, la zone euro fera face en 2013 à un chômage s’approchant des 12%, un niveau record, et une dette publique à 94,5% du PIB.

“Les chiffres du chômage sont tragiquement élevés. La situation économique d’ensemble est faible et cela ne devrait pas changer dans un délai proche”, a estimé à Francfort le patron de la Banque centrale européenne, Mario Draghi.

Pour le commissaire européen en charge des Affaires économiques, Olli Rehn, “l’Europe traverse une période difficile de rééquilibrage macroéconomique qui va encore durer un certain temps. (…) Les tensions sur les marchés se sont apaisées, mais il est trop tôt pour s’en réjouir”.

En conséquence, le Vieux continent doit, selon lui, “continuer à combiner des politiques budgétaires saines et des réformes structurelles afin de créer les conditions qui permettront une croissance durable, capable de réduire le chômage par rapport aux niveaux élevés actuels, qui sont inacceptables”.

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ère allemande Angela Merkel à Berlin , le 7 novembre 2012 (Photo : Johannes Eisele)

Mais les réformes voulues par Bruxelles sont difficiles à faire accepter. A Athènes, les députés se préparaient à une longue nuit, appelés à voter, sous la contrainte des bailleurs internationaux et en procédure d’urgence, un projet de loi controversé resserrant l’étau de rigueur sur la Grèce pour quatre ans supplémentaires.

Ce vote, déterminant pour le déblocage des prêts européens et du FMI en attente depuis juin, intervient sur fond de grève et manifestations anti-austérité. Dans le pays, le taux de chômage devrait atteindre 24% l’an prochain, et ne connaître qu’une très légère amélioration en 2014.

Les situations varient considérablement selon les pays. L’Allemagne, dont la chancelière Angela Merkel était Bruxelles mercredi, s’affiche comme le très bon élève, avec un équilibre de ses comptes publics attendu en 2014.

Même si le pays se porte mieux que la plupart de ses voisins, son économie devrait être encore ralentie par la crise en 2013 (+0,8%), ont toutefois prévenu mercredi les cinq “sages” qui conseillent le gouvernement allemand.

Devant le Parlement européen à Bruxelles, Mme Merkel a plaidé pour un renforcement “courageux et ambitieux” de l’Union économique et monétaire, quitte à changer les traités.

Elle a insisté sur la nécessité de “corriger les erreurs de conception” de la zone euro, tout en soulignant qu’on pourrait “aller plus loin en donnant à l’UE un droit de regard sur les budgets nationaux”.

Après la capitale européenne, la chancelière se rendait à Londres mercredi soir pour tenter de sortir de l’impasse les négociations sur le budget européen 2014-2020.

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és de la zone euro depuis 2008

D’après les estimations de la Commission, d’autres pays multiplient les dérapages comme l’Espagne, qui ne va pas atteindre ses objectifs de réduction budgétaire en 2013 et en 2014 et restera en récession l’an prochain (-1,4%).

Le déficit budgétaire espagnol devrait atteindre 8% du PIB cette année, 6% en 2013 avant de remonter à 6,4% en 2014. Un camouflet pour le Premier ministre Mariano Rajoy qui avait promis de repasser sous la barre des 3% en 2014.

Autre pays en difficulté: la France qui devrait dévier de sa trajectoire budgétaire en 2013 mais aussi en 2014, avec un déficit public à 3,5% dans les deux cas, alors que Paris s’est engagé à le ramener à 3% l’an prochain. La croissance du PIB ne devrait pas dépasser 0,4% en 2013, alors que le gouvernement table sur 0,8%.

L’horizon ne devrait s’éclaircir pour l’Europe qu’en 2014. Tous les pays de la zone euro –y compris la Grèce– devraient être sortis de récession. A l’exception de Chypre, qui attend jeudi la troïka des bailleurs de fonds (UE, FMI, BCE) pour conclure un accord sur le plan de sauvetage de son économie.