Un an après avoir pris la décision de rendre la Tunisie éligible à ses financements, Millenium Challenge Corporation (MCC) a entrepris d’ausculter le malade qu’est notre pays afin de prescrire le traitement qu’il convient de lui administrer.
Cette agence américaine indépendante d’aide au développement a récemment initié une étude, en collaboration avec le gouvernement tunisien, représenté par le ministère du Développement régional et de la Planification –et divers autres organismes (Banque centrale, INS, ITEQ)-, et la Banque africaine de développement. Cette étude vise, comme son intitulé l’indique –«Towards a new economic model for Tunisia: Identifying Tunisia’s biding constraints to broad-based growth” (Vers un nouveau modèle économique pour la Tunisie: Identifier les obstacles à une large croissance) – à analyser les «contraintes majeures» à une plus forte croissance profitant à un plus grand nombre de Tunisiens.
Les auteurs de l’étude le relèvent d’entrée de jeu: si elle a fait du bien au pays sur le plan des libertés et de la parole libérée, la révolution a plutôt compliqué les choses sur le plan économique et social.
En effet, tout en s’attelant à sa reconstruction politique, en vue d’«instaurer un système politique plus responsable et démocratique», le pays doit «relever plusieurs défis majeurs de nature économique, sociale (…)». Car «des risques sur le court terme sont apparus depuis la révolution –en particulier des grèves fréquentes et des troubles sociaux résultant d’attentes économiques insatisfaites de la population et d’une grande fragilité macroéconomiques».
Bien sûr aux yeux des experts de la Millenium Challenge Corporation, la Tunisie n’est pas dénuée d’atouts. Elle est d’abord créditée d’un capital naturel non négligeable, avec «des terres arables en abondance relative, de précieuses ressources de phosphate, et d’une position géographique favorable en Méditerranée, ce qui facilite les échanges avec l’Europe et avec d’autres pays méditerranées». Et même si l’eau, qui n’a pas manqué jusqu’ici, tend à se raréfier rendant nécessaire une gestion plus durable, «l’insuffisance du capital naturel ne constitue pas (…) une contrainte majeure à la croissance économique du pays».
Idem, d’après le rapport, pour l’éducation en dépit des commentaires des entreprises «sur la qualité et la pertinence de l’éducation et de la formation des travailleurs tunisiens».
De même, la santé n’est pas perçue comme constituant une entrave à une accélération de la croissance économique. «En dépit de l’inégalité de l’accès aux services de santé, les indicateurs sur l’état de la santé révèlent que les Tunisiens sont en meilleure santé que les populations d’autres pays ayant des niveaux de revenu similaires voire supérieurs», note le rapport.
Enfin, la Tunisie tire plutôt bien son épingle du jeu dans les infrastructures puisque, «malgré de fortes disparités régionales dans les infrastructures de base –et plus particulièrement dans l’assainissement», les indicateurs en ce qui concerne la qualité des routes, les coûts de transport et l’approvisionnement en électricité sont plutôt bons.
(A suivre)