Un hacker du groupe Anonymous (Photo : Jean-Philippe Ksiazek) |
[08/11/2012 18:54:12] AMIENS (AFP) Le tribunal correctionnel d’Amiens a condamné jeudi à un an d’emprisonnement, donc six mois ferme à purger sous bracelet électronique, le jeune hacker de 20 ans coupable d’avoir mis au point un virus particulièrement virulent ayant affecté au moins 17.000 smartphones.
“Pour un coup d’essai en matière d’infraction et d’atteinte aux biens, c’est un coup de maître”, a tancé le président, l’oeil sévère au moment de rendre sa décision, plus sévère que les réquisitions, en direction du jeune hacker à la mine adolescente.
Pendant l’audience, il s’est appliqué à connaître les motivations du jeune Dylan.
“Si c’est pour la beauté du geste, vous n’aviez pas besoin de recevoir des codes de paiement”, a noté le président. Ou était-ce l’appât du gain? “Un peu des deux”, a fini par reconnaître le pirate informatique, qui dit ne pas s’être rendu compte de l’ampleur qu’allait prendre le virus.
A la sortie de l’audience, il a expliqué avoir voulu montrer qu’il était “aussi bon que n’importe qui avec un diplôme. (..) Mon but principal était de prouver que je pouvais servir une entreprise pour rentrer dans la vie active”, a-t-il indiqué en regrettant son geste, “bien sûr”.
Enfant diagnostiqué surdoué mais en échec scolaire, Dylan a arrêté ses études au niveau de la troisième.
“C’est quelqu’un qui a beaucoup de capacités, peu de revenus, et qui a, je pense, souffert d’isolement. Il compense comme ça”, a estimé la procureure lors de son réquisitoire qui demandait douze mois avec sursis.
Elle a expliqué au prévenu que lorsque l’on avait ses capacités intellectuelles, il fallait les mettre à profit “utilement et non de façon malveillante”.
Le jeune homme, éloquent, a expliqué la création d’un système à partir d’une idée venue “un soir dans (s)on lit” alors qu’il regardait la télévision. Selon Dylan, qui fait de la programmation depuis l’âge de 9 ans, il ne lui a fallu qu’une heure pour créer son virus.
Poursuivi pour “escroquerie et atteinte à un système automatisé de données”, le jeune Amiénois encourrait une peine allant jusqu’à cinq ans de prison.
Il mettait à disposition des utilisateurs de smartphones Android, sur des plateformes non officielles, des logiciels gratuits à télécharger qui, sans que l’utilisateur ne s’en rende compte, envoyaient des SMS surtaxés. Il interceptait ensuite les réponses, des SMS qui contenaient des codes de micro-paiement.
Son bénéfice personnel a été estimé à un peu plus de 4.000 euros : il s’était acheté matériel informatique et jeux vidéos.
L’enquêteur de l’Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l’information a estimé qu’on avait affaire à “un petit génie de l’informatique qui a mis au point un virus presque unique en France, au potentiel de nuisance exponentiel”.
Interpellé le 16 octobre à Amiens, le jeune homme avait lancé son virus un an plus tôt. Il avait été repéré par l’Office central, qui estime le préjudice à plus de 500.000 euros.
“Le tribunal a malheureusement pris en compte le fait que le virus continue de perdurer et qu’on arrive pas aujourd’hui à y mettre fin”, a réagi son avocate, Me Florence Brochard-Bédier.
Aucune partie civile ne s’est constituée à ce procès, ni victimes, ni opérateurs.