à Athènes (Photo : Panayiotis Tzamaros) |
[09/11/2012 12:40:49] ATHENES (AFP) La Grèce s’impatientait vendredi des tergiversations de l’UE et du FMI à reprendre son financement, faute d’accord sur son désendettement, même si elle écartait la menace d’une imminente cessation de paiement.
Le ministre des Finances, Yannis Stournaras, a tenu à couper court aux scénarios catastrophes après un rendez-vous avec le Premier ministre Antonis Samaras. “Il n’y a pas de motif de s’inquiéter”, a-t-il déclaré, au lendemain de l’alerte déclenchée par son homologue Wolfgang Schäuble.
Le ministre allemand avait renvoyé aux “prochaines semaines” un accord entre Athènes et ses prêteurs en vue du versement d’une cruciale tranche de prêts de 31,2 milliards d’euros gelée depuis juin.
Pour faire pression sur ses partenaires, M. Samaras avait agité il y a quelque semaines le risque d’une cessation de paiement le 16 novembre, si entretemps le pays ne recevait pas de quoi rembourser des emprunts à court terme de 4,1 milliards d’euros.
Cependant, selon une source à Bruxelles, les créanciers de la Grèce ne laisseront pas le pays faire défaut et travaillent sur l’hypothèse de lui accorder deux ans de plus pour remettre ses finances en ordre,
“Il n’y aura pas de défaut accidentel ou prémédité de la Grèce”, a déclaré ce responsable européen.
“Si l’Europe décide de repousser un peu la décision, c’est qu’elle se rend bien compte que le pays peut tenir”, estimait aussi Patrick Jacq, stratégiste obligataire chez BNP Paribas
Pour faire face à ses échéances, dont l’une portant vendredi sur 1,6 milliard d’euros, la Grèce “peut notamment procéder à des emprunts de court terme”, comme elle l’avait déjà fait en août, a-t-il relevé.
Mais le pays à sec n’en a pas moins désespérément besoin d’argent frais pour payer salaires et retraites, recapitaliser ses banques et s’acquitter de plus de 8 milliards d’impayés auprès de fournisseurs, notamment de médicaments, à bout.
Dans un pays en pleine paupérisation, où un quart de la population active est au chômage, M. Samaras s’était formellement engagé à cette réinjection de liquidités mercredi, pour convaincre les Grecs d’accepter le nouveau train d’économies budgétaires de 18,1 milliards.
Réclamé par UE et FMI, le plan a été adopté de justesse dans la nuit de mercredi à jeudi par un parlement devant lequel s’étaient auparavant massés plus de 70.000 manifestants le contestant.
äuble, le 7 novembre 2012 à Berlin (Photo : Johannes Eisele) |
“La Grèce fait ce qu’elle a à faire, et l’Europe le fera aussi, la tranche sera versée”, a du coup insisté M. Stournaras, précisant qu’Athènes attendait une “déclaration politique” en ce sens lors de la réunion le 12 novembre des ministres des Finances de la zone euro.
“Il n’y a pas de temps à perdre”, alors que la reprise est déjà renvoyée à 2014, soit après six ans successifs de recul du PIB, relevait pour l’AFP Platon Monokroussos, chef économiste d’Eurobank.
Le pays a d’ailleurs selon lui besoin non seulement des 31,2 milliards gelés depuis juin, mais aussi du versement rapide des tranches suivantes qui étaient prévues, de 5 milliards en septembre et 8 milliards en décembre. M. Samaras avait indiqué la semaine dernière oeuvrer à une accélération de ces versements.
Mais pour ce faire, UE et FMI doivent encore s’entendre sur les moyens de financer le délai de deux ans que réclame la Grèce pour atteindre, en 2016, à l’ajustement budgétaire, et extraire le pays du cercle vicieux du surendettement.
Le débat en cours se heurte toujours à des “avis divergents”, a relevé vendredi M. Stournaras, en écho au quotidien libéral Kathimérini qui titrait sur “l’incapacité des Européens à s’entendre avec le FMI sur un compromis pour la viabilité de la dette grecque”.
L’aveu est pourtant désormais généralisé que le plan de redressement du pays, associant austérité à quelque 240 milliards de prêts et un effacement de 107 milliards d’euros de créances détenus par le privé, a échoué à le désendetter, la récession ayant notamment dépassé toutes les prévisions technocratiques.
Pour Kostas Melas, professeur en finances à l’université du Pirée, le FMI, qui doit s’assurer de la solvabilité des pays qu’il soutient, et l’UE, qui rechigne à tout soutien supplémentaire à la Grèce, devraient toutefois finir par trouver un compromis technico-financier.
Mais peut-être au prix d’un “contrôle renforcé” sur la gestion grecque, comme le réclame l’Allemagne, prévoyait-il. La thèse était celle du “quotidien des rédacteurs” (gauche) pour qui la Grèce était soumise à un “un chantage jusqu’à la fin” pour marcher droit.