La commission économique du Forum Nou-R s’est proposée, à travers l’organisation vendredi 9 novembre 2012, d’une conférence sur le thème «Budget 2013, contraintes et solutions à court terme», de lancer le débat de manière efficace et efficiente pour bien élaborer le budget de l’Etat, étant donné que la Tunisie passe actuellement par une période transitoire qui nous dicte de répondre impérativement aux attentes des citoyens.
Evoquant les grandes lignes du budget de l’Etat 2013, l’expert en développement économique à la BAD, Taoufik Rajhi, a rappelé que les choix budgétaires après la révolution se sont traduits par une impulsion fiscale discrétionnaire sans précédent dans l’histoire de la Tunisie; car cette impulsion représente, en 2012, un montant de 2.260 millions de dinars contre 560 millions de dinars en 2011.
De ce fait, le choix de la politique budgétaire dans le budget de 2012 a été décrit comme une politique de «Go & Stop» qui se caractérise par une progression temporaire des dépenses d’investissements au détriment des dépenses de fonctionnement, ce qui a engendré, dit-il, un creusement temporaire aussi du déficit public, «mais respectant la soutenabilité de la dette publique à moyen terme», précise l’expert.
«C’est ce dilemme entre la poursuite de la politique de relance ou le retour à la normale qui décidera en fait des choix budgétaires de 2013, étant donné que les revendications et aspirations post-révolution et la crise économique en Europe s’imposent fortement», explique M. Rajhi qui ajoutera par la suite que le gouvernement consacrera environ 11 milliards de dinars pour les salaires, majorés essentiellement par l’augmentation salariale de 70 dinars et le recrutement de 25.000 nouveaux fonctionnaires en 2012.
Politiques alternatives …
Toujours selon M. Rajhi, les décideurs pourraient arbitrer entre plusieurs choix qui sont manifestement contraints par le climat politique et social post-révolution. Ainsi, à court terme, le gouvernement pourrait répudier la dette, réduire les dépenses de compensation et de développement ou bien s’endetter et creuser davantage les déficits.
Pour ce qui est de la compression des salaires du service public, il s’agit du gel des salaires et du recrutement, «ce qui est notamment impensable dans un environnement syndical agité», ajoute l’expert. D’ailleurs, certains éléments ne laissent aucune chance à cette politique, synonyme de politique d’austérité, de s’installer, a-t-ajouté.
S’agissant de la réduction des dépenses de compensation, celles-ci coûteraient directement aux Tunisiens la moitié du budget des traitements et des salaires des fonctionnaires, ou encore 65% du budget de développement et plus que le budget du service de la dette. «Il est regrettable que nous consacrons autant de revenus à un système de compensation inefficace, coûteux, et qui se fait aux dépens des dépenses de l’emploi et de l’éducation», affirme M. Rajhi.
L’expert a, entre autres, présenté l’alternative d’aménager la structure des dépenses et des recettes en se basant sur des mesures comme l’augmentation de la TVA ou l’instauration d’une participation obligatoire de quelques jours de salaire. Cependant, M. Rajhi affirme qu’une telle politique d’aménagement se heurte à un environnement sociopolitique non favorable.
Pour finir, l’expert s’est dit convaincu qu’un déficit budgétaire inférieur à 6% et un taux d’endettement public aux alentours de 47% pourraient être un choix adéquat pour l’année 2013.