Longtemps
nébuleux, le sort des entreprises confisquées après le 14 janvier 2011 à des
parents et proches de l’ancien président Ben Ali et de son épouse Leila Trabelsi
est désormais on ne peut plus clair. Certes, on ne sait pas encore quel sort
sera réservé spécifiquement à chaque entreprise confisquée, mais l’approche
retenue par les pouvoirs est aujourd’hui connue et se décline en quatre axes
concernant respectivement les entreprises à vendre dans les plus brefs délais,
celles dont le capital sera ouvert par le biais d’une introduction en Bourse, un
troisième groupe de sociétés à liquider et un quatrième dans lequel on trouve
des entités qui vont être maintenues dans le giron de l’Etat pour les céder
ultérieurement.
Dans le premier cas de figure se trouvent Ennakl, la
Banque de Tunisie et
Tunisiana, avec respectivement des blocs de 60%, 13% et 25% de leurs capitaux à
céder par voie d’appels d’offres –national dans le premier cas et internationaux
dans les deux autres. En cours, ces trois procédures devraient, si des offres
étaient faites, aboutir à des transactions avant la fin de l’année 2012.
La société City Cars, concessionnaire en Tunisie des véhicules automobiles de la
marque coréenne Kia, est à cheval sur deux schémas puisque 66,70% de son capital
fera l’objet d’une cession en bloc, alors que 30,75% seront cédés par
introduction de la société à la Bourse des Valeurs Mobilières de Tunis.
Certaines entreprises jugées non viables seront liquidées. C’est le sort que la
justice a décidé de réserver à la société
Karthago Private Jet, créée début 2009
par le groupe Karthago de Belhassen Trabelsi, pour exercer l’activité de
transport aérien à la demande, ou «avion taxi».
Une dernière catégorie est composée d’entreprises ni prospères ni en
difficultés, mais tout simplement en plein développement et que le gouvernement
avait, dans un premier, envisagé de mettre entre les mains d’un holding à créer
spécialement pour cette tâche. Mais sceptiques au début, les autorités se sont
laissées convaincre, par Jamel Bel Haj, directeur général de la Caisse des
Dépôts et Consignations (CDC), que cet organisme peut être utile dans la gestion
des actifs confisqués. Le patron de la CDC a mis en avant le fait que la
création d’un nouveau holding nécessiterait près de deux ans, alors que le
gouvernement, pressé, voudrait régler le problème plus rapidement. Et surtout
que l’Etat «ne peut pas prendre en charge ces entreprises et en assurer le
développement».
D’où l’idée de créer la CDC Développement, une filiale de la CDC dotée d’un
capital de 2 millions de dinars, et ayant pour objet la gestion d’une partie des
actifs confisqués. «Une trentaine d’entreprises confisquées vont être confiées à
la CDC Développement. Ce ne sera pas une véritable cession. L’Etat vend mais
tout en restant propriétaire», précise Jamel Bel Hadj.
Ces entreprises, actuellement en cours d’évaluation par des cabinets d’audit,
appartiennent aux secteurs du tourisme, de l’agriculture et de l’immobilier. Une
fois qu’elle en prendra le contrôle, CDC Développement fera concevoir par des
bureaux spécialisés une stratégie pour chacune d’entre elles.