ère allemande Angela Merkel et le président français François Hollande, le 18 octobre 2012 (Photo : Eric Feferberg) |
[12/11/2012 17:24:29] PARIS (AFP) A trois jours d’un déplacement officiel de Jean-Marc Ayrault en Allemagne, l’inquiétude prêtée à Berlin sur la politique économique hexagonale fait grincer des dents dans la classe politique française même si les deux capitales minimisent cette controverse.
Des médias allemands ont affirmé vendredi que le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble avait chargé un groupe de cinq “sages” – des économistes de haut rang qui conseillent le gouvernement – de plancher sur des propositions de réformes pour la France.
Ces révélations interviennent trois jours après qu’un proche de la chancelière allemande Angela Merkel, le président du groupe parlementaire des conservateurs Volker Kauder, a publiquement réprimandé Paris et Londres pour leurs politiques économiques, appelant les Français à faire davantage de réformes.
L’hypothèse d’un décrochage économique de la France, principal partenaire commercial de l’Allemagne, inquiète outre-Rhin où l’on redoute notamment ses conséquences sur l’euro.
Ces révélations tombent mal à trois jours du déplacement officiel en Allemagne du Premier ministre Jean-Marc Ayrault, qui sera reçu à Berlin par la chancelière.
Paris et Berlin se sont d’ailleurs employés lundi à minimiser la controverse.
“Il n’y a aucune demande en ce sens (rapport sur la France, ndlr)”, a démenti une porte-parole de M. Schäuble, interrogée par l’AFP. “Le gouvernement allemand est confiant sur le fait que la France respectera les exigences du Pacte de stabilité et de croissance”, a-t-elle assuré.
“Il n’y a pas de malentendu franco-allemand”, a déclaré de son côté le ministre de l’Economie français, Pierre Moscovici. “Nos économies sont tellement interconnectées, leur dynamisme conjoint est tellement nécessaire à l’Europe que ce malentendu me semble être une tempête dans un verre d’eau”.
“honteux” de recevoir des “leçons” de Berlin
Selon Libération lundi, la direction du Trésor aurait envoyé un courrier à Berlin demandant des explications sur ces allégations. Interrogé par l’AFP, Bercy a refusé de confirmer cette information et, côté allemand, on a assuré ne pas avoir connaissance d’une telle lettre.
Mais à Paris, la gêne était palpable lundi dans l’entourage du gouvernement.
“Ce n’est pas un rapport officiel” de l’exécutif allemand, a ainsi souligné auprès l’AFP une source proche de l’exécutif, une autre commentant la démarche allemande d’un laconique: “c’est inhabituel”.
“La confiance existe entre la France et l’Allemagne” a-t-on assuré de source diplomatique, ajoutant que “François Hollande et Angela Merkel ne se sont pas parlés ces derniers jours” et n’ont donc pas eu l’occasion d’aborder ce sujet.
Plus dubitatif, le ministre délégué chargé du budget Jérôme Cahuzac n’a pas exclu des motivations “tactiques” dans cette affaire.
“On peut s’interroger sur les raisons qui feraient que l’Allemagne douterait de la politique de la France, moins parce que cette politique ne lui conviendrait pas que (parce que) l’Allemagne souhaiterait précisément garder (son) leadership européen”, a-t-il lancé.
Pour le président de l’Assemblée nationale Claude Bartolone, “Angela Merkel “ferait bien de s’inquiéter pour la situation de l’Allemagne” qui, “à force d’avoir une politique de rigueur qui peut ruiner ses clients, risque de connaître aussi des difficultés”.
A droite, l’ex-ministre Valérie Pécresse a jugé “honteux, pour la 5ème puissance, de se faire ainsi donner des leçons d’économie par l’Allemagne”.
Pour le député souverainiste Nicolas Dupont-Aignan, l’Allemagne “aurait tort” ne ne pas vouloir “dicter la politique” de la France puisque celle-ci a “accepté la tutelle du Pacte budgétaire européen”.