Pérou : le président Humala ouvre grand les portes aux investisseurs européens

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à Lima (Photo : Geraldo Caso)

[13/11/2012 07:32:05] LIMA (AFP) Le président péruvien Ollanta Humala entame mardi une tournée qui le conduira notamment en France et Espagne, ouvrant grand les portes de son pays aux investisseurs européens à qui il offre la garantie d’un “gouvernement démocratique qui respecte ce qu’il signe”.

Dans une interview exclusive à l’AFP au Palais présidentiel, en plein coeur de la Lima coloniale, le président péruvien énumère les points forts d’un pays dopé par “une croissance soutenue de plus de 6%, un niveau d’endettement inférieur à 20% du PIB, des réserves internationales équivalentes à plus de 30% du PIB, et un cadre macroéconomique solide avec une inflation faible”.

“C’est pour l’Espagne et d’autres pays européens une belle occasion de venir investir au Pérou”, affirme cet ancien militaire nationaliste de gauche de 50 ans, arrivé au pouvoir il y a 15 mois.

Le président Humala effectuera sa première visite officielle en France mercredi où il sera reçu par son homologue François Hollande avant de participer au Sommet ibéro-américain de Cadix le 16 novembre et de se rendre au Portugal.

“Ceux qui nourrissaient des préjugés à mon égard avant de devenir président ont eu tort”, relève cet homme austère et réservé.

“Aujourd’hui, nous faisons une gestion responsable de l’économie et nous ouvrons le chemin pour que la croissance économique atteigne les populations les plus pauvres du pays. C’est cela l’inclusion sociale et la lutte contre les inégalités”, dit-il.

Proche à ses débuts de la gauche radicale d’Amérique latine, Humala a opté depuis son élection pour un modèle de gouvernance alliant forte croissance et intégration sociale, dans un pays aux immenses écarts de richesse et de développement, où plus de 30% de la population vit au dessous du seuil de pauvreté.

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à Lima (Photo : Geraldo Caso)

En dépit de la guérilla et du narco-trafic qui sévissent au Pérou, Humala assure que son gouvernement peut “garantir la sécurité” dans son pays.

“La question de la violence terroriste ne représente pas une menace de l’Etat de droit”, relève-t-il, mais “il ne faut pas la sous-estimer”.

Malgré les conflits sociaux qu’il considère comme “propres aux pays miniers”, le chef de l’Etat péruvien indique qu’en 2011 le Pérou “a enregistré des inversions de quelque 7,6 milliards de dollars”.

“Et cette année pour le seul premier trimestre, nous avons dépassé 3,6 milliard, un record”, ajoute-t-il.

En référence à la lutte anti-drogue, M. Humala veut rassurer leaders européens et investisseurs sur le fait que le Pérou est “engagé dans une lutte frontale contre le narco-trafic, mais il faut aussi que l’on nous donne des garanties, que l’on lutte contre la demande. Il faut comprendre qu’il y a là une corrélation”.

“Nous ne baissons pas la garde, nous luttons contre ce fléau et nous avons destiné un fond de 600 millions de dollars pour donner une alternative aux cultivateurs” de coca, dit-il.

Le Pérou se classe au deuxième rang mondial pour la culture de la feuille de coca, derrière la Colombie, mais devant la Bolivie, selon l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC).

C’est avec une certaine nostagie qu’Ollanta Humala évoque son séjour à Paris comme attaché militaire à l’ambassade du Pérou il y a un peu moins de 10 ans, “un moment important de ma vie où j’ai commencé à réfléchir sur mon avenir et où j’ai finalement décidé d’entrer en politique”.

Sa deuxième fille, Nayra, est née dans la capitale française et il s’avoue admirateur de Napoléon, Charles de Gaulle et Victor Hugo, dont il relit “Les Misérables”.

Evoquant la fin de son mandat en 2016, Ollanta Humala, dont le prénom inca signifie “le guerrier qui voit tout”, aimerait que soit reconnue son “honnêteté” et le fait qu’il soit “un grand travailleur”.

La Constitution péruvienne interdisant d’exercer deux mandats consécutifs, le temps presse pour le président Humala qui ne prend jamais de vacances.

“Il y a tant à faire, se désole-t-il, tant de demandes, le temps m’est une angoisse quotidienne”.