Convaincu du potentiel des produits de terroir comme vecteur du développement dans les régions défavorisées, ce think tank dirigé par Aziz Mbarek en a fait son cheval de bataille.
Réfléchir pour agir. Ce pourrait être là le mot d’ordre de Tounes 2020, ce think tank créé et dirigé par Aziz Mbarek et dont la mission est «d’engager la réflexion, de stimuler l’échange et d’enrichir le débat d’idées sur des sujets d’intérêt général, d’ordre économique et social, actualité ou prospectifs pouvant contribuer au développement régional de la Tunisie et concourir à son rayonnement régional et international». Désireux, comme tant d’autres Tunisiens, d’aider les régions les plus défavorisées à se doter d’un levier leur permettant d’améliorer la situation économique et sociale de leurs populations, Tounes 2020 a choisi de consacrer l’année en cours à l’étude des moyens de lancer un processus valorisation des produits agricoles et agro-industriels traditionnels de terroir et «d’élaborer une feuille de route» permettant d’atteindre cet objectif, indique Faten Khamassi, membre de Tounes 2020. Deux raisons expliquent ce choix.
D’abord, ces régions défavorisées sont à dominante agricole et ont, dans ce domaine, un potentiel mal voire pas du tout exploité. De la figue de Djebba aux raisins de Raf Raf, en passant par les figues de barbarie de Thala et les grenades de Gabès, la liste des produits susceptibles d’être valorisés et, donc, de contribuer au développement des régions concernées, est longue. Et l’investissement dans une démarche de labellisation et de certification des produits de terroirs est d’autant plus indiquée et bien venue que le marché existe en Tunisie mais également à l’étranger.
Mais de l’intention à la réussite d’un projet, il y a un long chemin à parcourir et des conditions à remplir. Selon l’expert suisse Pascal Bernardoni (REDD), que Tounes 2020 à invité à livrer son expérience lors d’un déjeuner-débat, organisé mardi 16 octobre, pour que la valorisation des produits de terroir génère des revenus importants et crée des emplois, il faudrait remplir quatre conditions: une bonne gouvernance interne représentative, un cahier des charges négocié entre partenaires de la filière en ayant le souci de la qualité présent à l’esprit, un système d’assurance qualité rigoureux et un effort marketing de qualité «incluant la promotion mais également la stratégie de prix et du volume».
L’expérience de la région de Souss Massa Draa au Maroc démontre que cette démarche est porteuse. Selon Lahcen Kenny, professeur d’agriculture biologique à l’Institut d’horticulture d’Agadir, les 57 projets valorisant les 20 produits de terroir choisis sur la base d’une étude stratégique ont permis, au cours des cinq dernières années, de créer 500 emplois et d’augmenter les revenus des exploitants et de leurs familles de manière significative.
La Tunisie a fait ses premiers pas dans ce domaine à partir du début des années 2000 par les produits bio –notamment l’olivier, mais également les céréales, les dattes, le miel, etc.- sur une superficie passée de 150.000 à 400.000 hectares en une dizaine d’années. Toutefois, le développement de ce secteur reste entravé par la lenteur de la mise en œuvre de certains textes de lois. Ce qui est inacceptable, surtout dans le contexte actuel du pays.