La zone euro est officiellement entrée en récession au 3e trimestre

[15/11/2012 10:53:07] BRUXELLES (AFP) La zone euro est entrée officiellement en récession au troisième trimestre 2012, pour la deuxième fois en trois ans, selon une première estimation jeudi de l’office européen de statistiques Eurostat.

Le Produit intérieur brut a reculé de 0,1% au 3e trimestre, après s’être déjà replié de 0,2% au trimestre précédent. Une période de récession est constatée lorsque le PIB se contracte pendant deux trimestres consécutifs.

Après la crise financière de 2008, la zone euro était tombée en récession et avait renoué avec la croissance au troisième trimestre 2009.

“L’activité économique de la zone euro est désormais à environ -2,5% de son niveau d’avant crise”, estime Martin Van Vliet, de la banque ING. Les chiffres publiés jeudi confirment, selon lui, le scénario de “récession en double creux” (“double dip recession”) que craignaient les marchés depuis des mois.

L’économiste ne voit pas l’horizon s’éclaircir et table sur une récession plus profonde au quatrième trimestre 2012.

“Ces chiffres confirment que l’économie de la zone euro a un besoin criant de relance macroéconomique. Les responsables politiques semblant peu enclins à envisager une approche coordonnée pour revenir sur l’austérité budgétaire, la relance monétaire et une monnaie plus faible pourraient être nécessaires pour remettre la zone euro sur la voie d’une croissance durable”, souligne-t-il.

Sur un an, le PIB corrigé des variations saisonnières a enregistré une baisse de 0,6% au troisième trimestre 2012, contre -0,4% au trimestre précédent.

Cet indicateur a été publié jeudi après les chiffres de croissance de plusieurs pays de la zone euro : en Allemagne, le PIB a progressé de seulement 0,2%, marquant un nouveau léger ralentissement de la première économie européenne.

La France a surpris

Deuxième économie de la zone euro, la France a elle surpris positivement en voyant sa croissance légèrement rebondir de 0,2% au troisième trimestre.

L’Italie et l’Espagne sont elles restées en récession, avec respectivement un recul du PIB de 0,2% et de 0,3%.

“La vague de récession qui touche les pays du Sud commence à contaminer ceux du noyau dur (les plus solides de la zone euro, ndlr)”, souligne M. Van Vliet, rappelant que l’activité s’est contractée de 0,1% en Autriche et de 1,1% aux Pays-Bas.

A l’échelle de l’Union européenne, le PIB a progressé de 0,1% après une baisse de 0,2% au trimestre précédent, ce qui veut dire que les 27 pays européens pris dans leur ensemble ne sont pas entrés en récession.

Le Vieux continent n’en reste pas moins sévèrement à la traîne face aux Etats-Unis et au Japon, qui ont respectivement enregistré des PIB en hausse de 2,3% et de 0,2% au troisième trimestre.

L’inflation a par ailleurs ralenti en octobre sur un an, à 2,5% contre 2,6% en septembre, selon Eurostat dans sa deuxième estimation de cet indicateur.

L’inflation ralentit

L’inflation continue de dépasser pour le 23e mois consécutif le seuil de 2% établi par la Banque centrale européenne, mais elle s’en rapproche alors qu’elle était de 3% il y a un an.

La BCE maintient depuis l’été son taux directeur inchangé à 0,75%, un niveau historiquement bas, preuve qu’elle ne craint pas le retour à une hausse des prix et que sa priorité est plutôt la relance de l’économie.

L’institut monétaire prévoit une hausse des prix de 2,5% en 2012 (contre 2,4% dans sa précédente évaluation) et de 1,9% en 2013 (contre 1,6% auparavant).

Par pays, le taux annuel le plus faible a été observé en Grèce (0,9%). Au sein de la zone euro, l’Allemagne, l’Irlande, la France et le Portugal enregistrent un taux inférieur à la moyenne, avec 2,1% chacun.

C’est en Estonie que l’inflation est la plus élevée (4,2%), suivie par la Finlande et l’Espagne (3,5% chacune).