Malgré la crise et les restrictions sur les quotas d’importation que le gouvernement entend imposer, le secteur de la concession automobile suscite encore de l’appétit. La preuve en est les 8 candidats qui vont s’affronter pour s’adjuger les 66,70% du capital de City Cars (alors que 30,75% seront proposés au public via la Bourse), concessionnaire du coréen Kia, qui faisait partie du groupe Princess Holding, jadis contrôlé par les enfants de l’ancien président Ben Ali (Mohamed Zine El Abidine et Halima Ben Ali) et son gendre Sakher El Materi.
Les candidats auraient du être au nombre de neuf. En effet, Setcar Group, le groupe contrôlé et dirigé par Férid Abbas a manifesté pour City Cars de l’intérêt qui trouve sa justification dans l’activité du groupe. Car, otre le pétrole, le transport maritime (de produits chimiques et pétroliers) et l’hôtellerie, Setcar opère également dans deux autres secteurs –la fabrication d’autocars et autobus et le montage de camions et tracteurs routiers-, d’un côté, et la distribution automobile qui l’ont amené tout naturellement à vouloir postuler pour la reprise de City Cars. Or c’est pour cette dernière activité que Setcar Group n’a pas pu postuler, car le cahier de charges de l’appel d’offres disqualifie toute entreprise ou groupe déjà détenteur de la représentation d’un constructeur –Volvo pour le groupe de Férid Abbas.
Parmi les 8 candidats retenus, certains ont –ou ont eu par le passé- une certaine proximité avec le monde de l’automobile et d’autres y sont à ce jour totalement étrangers. Dans le premier cas de figure, on trouve les groupes Elloumi, Al Badr (Abdessalem Ben Ayed), Amen (associé à Poulina Group Holding), et la société Comet (des frères Sami et Slim Driss) et Le Moteur Diesel, faisant partie du groupe Noureddine Bouaouaja.
Déjà fabricant de câbles et de fils électriques pour automobiles –et l’un des leaders en la matière à l’échelle mondiale-, il était tout à fait naturel que le groupe Elloumi ait envie d’étendre son activité à la concession automobile.
Le groupe Al Badr (Abdessalem Ben Ayed) est un peu dans le même genre de proximité, mais à partir des composants et pièces de rechange automobile. Outre le commerce des engins de travaux (de marque OFFICINE PICCINI, Italie) et de pièces de rechange, Al Badr fabrique les filtres à huile à air et à essence pour tous genres de véhicules (Misfat) et les amortisseurs (de marque Record).
Des deux associés composant le consortium Amen Group-Poulina Group Holding, le premier est le seul à avoir une certaine expérience le rapprochant un peu du secteur automobile, à travers la société Parenin commercialisant machines, moteurs, groupes électrogènes, matériel de manutention (Caterpillar), matériel agricole (JOHN DEERE) compresseurs, les sécheurs d’air et engin de forage (ATLAS COPCO). Le Moteur Diesel (groupe Bouaouaja) est quasiment sur le même créneau (matériel agricole et pour le BTP, de marque IVECO).
Créée en 1971 par Mustapha Driss et aujourd’hui dirigée par ses enfants Sami et Slim Driss, la société Comet, présente à travers des filiales en Algérie, Libye et Afrique sub-saharienne, n’est-elle aussi pas éloignée du monde de l’automobile, puisque spécialisée dans la conception, la fabrication, le montage et la commercialisation de semi remorques et de tous équipements pour véhicules industriels.
Hédi Bouchamaoui Group a connu l’automobile par le passé et voudrait renouer avec. En effet, le groupe fondé par feu Hédi Bouchamaoui et aujourd’hui dirigé par ses héritiers a détenu la carte de Nissan jusqu’à ce que cette firme s’allie au français Renault et tombe de ce fait localement dans l’escarcelle de son représentant en Tunisie, le groupe Mzabi.
Le 8ème et dernier candidat –le groupe Ben Gharbia, appartenant au très médiatique président du Club Athlétique Bizertin et membre de l’Assemblée nationale constituante (ANC) Mehdi Ben Gharbia, est le seul à n’avoir eu à ce jour aucun contact ni de près ni de loin avec le monde de l’automobile. Opérant dans divers secteurs (transit, fret aérien, agence de voyages, location de voitures, immobilier), il voudrait visiblement profiter de la cession de City Cars pour se rattraper.