ège du groupe à Paris (Photo : Eric Piermont) |
[20/11/2012 16:39:25] BERLIN (AFP) Paris, Berlin et Madrid devraient aboutir à un accord fin novembre concernant l’actionnariat du groupe aéronautique et de défense EADS, qui verrait les parts des gouvernements allemand et français s’établir à un niveau de 12% chacun, rapporte mardi le quotidien Handelsblatt.
Selon le journal, qui cite des sources “proches des négociations”, l’Allemagne va devenir actionnaire direct d’EADS et porter sa participation à hauteur de 12%, via la banque publique KfW, bras financier du gouvernement fédéral. De son côté, la France réduirait la sienne de 15% à 12%.
La participation de l’Espagne resterait à un niveau inchangé, soit 5,5% du capital du groupe, affirme le journal qui précise que “les négociations entre les trois pays doivent être conclues fin novembre”.
En outre, à l’avenir, le poids des Etats ne devra plus excéder 30%, précise le Handelsblatt, citant ces mêmes sources.
D’autre part, les décisions au sein d’EADS devront être prises dans un “processus transparent”, c’est-à-dire validées par le conseil d’administration et l’assemblée annuelle des actionnaires, et ainsi éviter “les magouilles” en sous main.
Mais cette volonté risque d’être contrariée par les politiques, écrit le quotidien qui rappelle que l’Allemagne a déjà fait savoir qu’elle ne voulait pas abandonner son pouvoir d’influence sur les décisions d’investissement.
Interrogé par l’AFP, Berlin s’est refusé à confirmer ces informations. “La participation du gouvernement allemand est décidée par le Parlement. Des discussions intensives sont en cours à ce sujet. Au delà, le gouvernement fédéral ne souhaite alimenter aucune spéculation”, a déclaré une porte-parole du ministère allemand de l’Economie.
Côté français, le ministre du Budget, Jérôme Cahuzac, s’est lui aussi montré évasif: “Je ne suis pas sûr qu’une décision en ce sens ait à être prise ou a fortiori soit déjà prise”, a-t-il dit à l’occasion d’une conférence de presse à Nantes.
“La France a une tradition industrielle qui fait que l’Etat a toujours joué un rôle important dans les grands projets industriels. Je n’envisage pas que cette tradition, cette politique, cesse avec l’arrivée de nouvelles autorités que sont François Hollande et Jean-Marc Ayrault”, a-t-il ajouté.
Actuellement, l’Etat français détient 15% d’EADS tandis que le groupe Lagardère en détient 7,5%, pour un total de 22,5%. Côté allemand, 15% des parts du groupe aéronautique sont détenues par le constructeur automobile Daimler -qui veut se désengager au cours des prochains mois- et 7,5% par un consortium public-privé, Dedalus, pour un total de 22,5% également.
Berlin entend accélérer le rachat prévu de la moitié des parts de Daimler dans EADS pour éviter une vente sur le marché libre qui romprait l’équilibre franco-allemand dans le groupe.
Pour cela, les députés allemands de la commission des Finances du Bundestag ont donné leur feu vert fin octobre au déblocage d’une somme de 1,6 milliard d’euros pour permettre ce rachat par la KfW.
Au total, en ajoutant un rachat prévu ultérieurement de 4,5% sur les 7,5% du capital d’EADS détenu par Dedalus, l’Etat allemand pourrait débourser quelques 3 milliards d’euros pour restaurer cet équilibre.