à Abidjan (Photo : Sia Kambou) |
[20/11/2012 17:18:16] ABIDJAN (AFP) Les principaux acteurs de la filière cacao se sont retrouvés mardi à Abidjan pour la première conférence mondiale dédiée à “l’or brun”, afin de coordonner les initiatives face à la croissance de la demande et aux périls qui planent sur les plantations.
“Le défi auquel est confrontée une économie cacaoyère durable est celui de la consommation, qui appelle une transformation durable, elle-même fondée sur une production durable du cacao”, a déclaré le président ivoirien Alassane Ouattara à l’ouverture.
Selon lui, la conférence doit “trouver des pistes de solutions” pour répondre à la demande sans cesse croissante des “pays émergents, notamment la Chine”.
à Abidjan (Photo : Issouf Sanogo) |
Plus de 1.200 participants, dont de nombreux industriels (négociants, chocolatiers) mais aussi des représentants des producteurs et des experts, se réunissent jusqu’à vendredi pour cette grand-messe organisée par l’Organisation internationale du cacao (ICCO) et la Côte d’Ivoire, premier producteur mondial.
Selon l’ICCO, dont le siège est à Londres, le gotha de la filière doit s’entendre sur un “agenda mondial” et un plan d’action.
Les industriels s’inquiètent d’un possible déficit de l’offre par rapport à la demande dans les années à venir, ce qui pourrait faire bondir les cours, alors que l’appétit pour le chocolat reste fort en Europe et en Amérique du Nord – les deux plus grands débouchés – et ne cesse de s’aiguiser dans les pays émergents, Brésil, Inde et Chine en tête.
Cette “rencontre historique” est “devenue impérative car de lourdes menaces pèsent sur la durabilité du secteur mondial du cacao”, a affirmé le directeur exécutif de l’ICCO, Jean-Marc Anga.
“Si nous ne prenons pas les mesures qui s’imposent, dans quelques années le chocolat risque d’être un produit de luxe et nous entamerons un déclin du secteur cacaoyer qui pourrait durer sur plusieurs générations”, a-t-il alerté.
Carte mondiale du marche du cacao en 2011/2012 |
Hévéa et palmier à huile séduisent
L’amélioration de la qualité et de la productivité, le vieillissement des vergers et la concurrence d’autres cultures comme l’hévéa et le palmier à huile, qui attirent de nombreux cultivateurs de cacao vivant dans la pauvreté, sont aussi de grands défis pour la filière.
La Côte d’Ivoire, qui a restauré cette année un système de prix garanti pour tenter de protéger ses producteurs, représente à elle seule 35,6% de la production mondiale de cacao avec 1,41 million de tonnes, sur les 3,962 millions de tonnes attendues pour la récolte 2011-2012, devant le Ghana (21,7%) et l’Indonésie (12,1%).
L’Afrique représente 70,3% de la production mondiale, devant l’Amérique latine (15,4%) et l’Asie-Océanie (14,3%).
Notamment affectée par un fort harmattan (vent très sec venant du Sahara) – qui a eu un fort impact sur les plantations ivoiriennes en début d’année -, la production mondiale devrait selon l’ICCO avoir reculé de 8,1% par rapport à la récolte record enregistrée en 2010-2011.
ès de Boko, le 18 octobre 2008 (Photo : Issouf Sanogo) |
Du coup, les prix ont grimpé de 40% à Londres et New York, les deux places financières sur lesquelles le cacao est négocié, entre fin décembre 2011 et début septembre 2012, avant de perdre de leur élan ces deux derniers mois.
Pour la Côte d’Ivoire, qui attend un nouveau gouvernement cette semaine après la dissolution du précédent cabinet en raison de dissensions dans la coalition au pouvoir, les grands événements comme la conférence sur le cacao marquent son retour sur la scène internationale.
Le pays a traversé une décennie de tourmente ayant abouti à la crise postélectorale de décembre 2010-avril 2011, qui a fait environ 3.000 morts.