Automobile : après cinq ans, Fiat mise à nouveau sur la Chine

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à Shanghai (Photo : Peter Parks)

[21/11/2012 13:07:27] SHANGHAI (AFP) Après cinq ans d’absence, Fiat revient cette année avec un nouveau modèle en Chine, devenu entretemps le premier marché automobile mondial mais où la concurrence s’est accrue et la croissance ralentie.

Pour Fiat, septième constructeur dans le monde depuis le rachat de l’américain Chrysler qu’il a sauvé de la faillite en 2009, un retour s’imposait.

L’économie chinoise est confrontée à un ralentissement tandis que celle des ventes de voitures a essuyé un coup de frein brutal l’an dernier après une envolée en 2009 et 2010.

Mais avec un marché de voitures de tourisme en progression de 6,9% sur les dix premiers mois de 2012, la Chine représente encore une chance de compenser la chute des ventes du constructeur italien en Europe.

Pour le PDG de Fiat Sergio Marchionne, le pays sera déterminant pour l’avenir de sa société car “la croissance et la demande restent phénoménales”.

“Le ralentissement en cours est en réalité assez sain”, a-t-il estimé le mois dernier lors d’une conférence à Shanghai.

Selon une étude publiée par le cabinet de consultants McKinsey mercredi, les ventes de voitures de tourisme en Chine devraient augmenter de 8% par an en moyenne jusqu’en 2020 pour atteindre 22 millions d’unités.

Marchionne, qui est aussi le PDG de Chrysler, défend aussi un projet de produire des Jeep 4X4 en Chine et juge que s’y implanter est le seul moyen de grandir pour son groupe.

Le projet de Chrysler a récemment fait débat dans la campagne présidentielle américaine lorsque le candidat républicain Mitt Romney a diffusé un spot télévisé affirmant qu’il provoquerait des pertes d’emplois aux Etats-Unis.

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à côté du modèle Viaggio chez un concessionnaire de Shanghai (Photo : Peter Parks)

Fiat s’était retiré en 2007 du marché chinois après une rupture avec le constructeur local Nanjing Auto, suite à des ventes décevantes.

Avec son nouveau partenaire, Guangzhou Automobile Group Co. (GAC) basé à Canton (sud), le constructeur italien a développé en 18 mois la berline Viaggio.

La production a démarré en juin et sa commercialisation en septembre, dans une fourchette de prix allant de 13.600 à 19.800 euros.

La voiture italienne est assemblée à Changsha, capitale de la province du Hunan (centre-sud), dans usine d’un coût de 620 millions d’euros pour une capacité initiale de 140.000 véhicules par an. La production dépendera de la demande.

Fiat doit notamment affronter General Motors, premier constructeur étranger en Chine, qui a écoulé au cours des 10 premiers mois de cette année sa Chevrolet Cruze à 194.357 exemplaires, tandis que Ford a vendu sur la même période 221.130 Focus. Les deux modèles occupent le même segment du marché que celui lancé par Fiat.

“La concurrence est vive. Mais y a suffisamment de place pour vendre la Viaggio”, assure Bob Graczyk, directeur commercial de GAC Fiat, soulignant que “le design italien est quelque chose qui nous différencie vraiment”.

Fiat, qui revient en Chine alors que la plupart des grand acteurs mondiaux y ont renforcé leur présence ces dernières années, doit d’abord se faire connaître du public et bâtir un réseau de concessionnaires.

A terme, l’usine de Changsha aura une capacité de 300.000 véhicules par an sur deux plateformes pour assembler quatre types de véhicules différents.

Pour l’heure, les deux partenaires de la co-entreprise sont en difficultés.

Tandis que Fiat est soutenu à bout de bras par Chrysler, GAC, qui a des partenariats avec Honda et Toyota, voit dégringoler les ventes de voitures de marques japonaises sorties de ses usines, à cause d’un conflit territorial entre Tokyo et Pékin.

Dans le passé, GAC a développé une co-entreprise avec le français PSA Peugeot Citroën qui a essuyé un échec avant de s’arrêter en 1997.

“Si vous divorcez, vous apprécierez votre prochain mariage et c’est le cas chez nous”, explique Jack Cheng, directeur général de la co-entreprise entre Fiat et GAC.

La législation chinoise impose aux constructeurs automobiles étrangers de s’associer à un industriel local pour assembler des véhicules sur place.

“Il était vraiment grand temps que Fiat revienne et lance un modèle fabriqué localement”, a déclaré à l’AFP Klaus Paur, directeur de la branche d’Ipsos pour les recherches sur le secteur automobile, basé à Shanghai.

“Il faut avoir une présence en Chine. Si vous n’y êtes pas, vous êtes fichu”, selon lui.