Albany : 200 emplois supprimés, Montebourg de nouveau interpellé

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à Limoges (Photo : Pascal Lachenaud)

[22/11/2012 15:16:08] LIMOGES (AFP) Le groupe américain de textile technique Albany a annoncé la suppression de près des deux tiers de ses effectifs en France, invoquant la “dégradation continue du marché des textiles industriels en Europe”, au grand dam des syndicats qui estiment que l’entreprise est rentable.

Le groupe, dont l’emploi en France avait mobilisé les politiques lors de la dernière campagne présidentielle, prévoit de supprimer 200 postes sur ses sites du Bas-Rhin (Sélestat) et de Haute-Vienne (Saint-Junien).

Cette annonce, effectuée lors d’un comité central d’entreprise mercredi en Suisse, intervient une semaine après que le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg a demandé une table-ronde entre la direction et les salariés.

Dans le détail, 127 emplois seront supprimés dans l’usine de Sélestat, qui compte 227 salariés et 75 postes à Saint-Junien, sur le site Albany-Cofpa, qui en compte près de 130, selon les délégués syndicaux des deux sites.

“On est sous le choc”, a déclaré à l’AFP David Mathieu, délégué CFE-CGC de Sélestat. “Les suppressions concernent plus de la moitié des salariés, quasiment tout le service administratif va disparaître. Il sera rapatrié en Suisse et le reste sera externalisé”.

Selon les syndicats, les suppressions d’emplois seront étalées sur deux ans. La direction s’est engagée à “reclasser un maximum de personnel” au sein du groupe, assurant que 60 postes sur son nouveau site à Commercy (Meuse) seraient affectés en priorité aux personnes touchées par le plan, a précisé pour sa part à l’AFP Christophe Sardin, délégué CGT au site de Saint-Junien.

Le site de Commercy, actuellement en construction, est le fruit d’un partenariat avec l’équipementier aéronautique français Safran, et doit générer dans un premier temps 150 emplois à échéance 2015.

Dans un communiqué, Albany explique sa décision de supprimer “approximativement 200 emplois” par la “dégradation continue du marché des textiles industriels en Europe”, avec une “détérioration accrue prévue en 2013”.

Mais elle vise aussi à “maintenir des opérations” sur les sites du Bas-Rhin et Haute-Vienne, que le groupe avait un temps envisagé de relocaliser en Alsace.

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és du site Albany-Cofpa, le 8 mars 2012 devant la Préfecture à Limoges (Photo : Pierre Andrieu)

En mars dernier, le sort d’Albany-Cofpa de Saint-Junien, promis à la fermeture, avait d’ailleurs mobilisé les politiques en pleine campagne présidentielle et Arnaud Montebourg, l’un des principaux soutiens du candidat socialiste François Hollande, s’était alors rendu sur place.

Les salariés s’étaient remobilisés ces dernières semaines, craignant de nouveau un plan social.

Vendredi dernier, M. Montebourg s’était engagé à “provoquer une table-ronde avec la direction de manière à mettre à plat l’ensemble des divergences à l’égard de cet outil de travail de qualité” au terme d’une réunion avec des salariés d’Albany-Cofpa.

Jeudi, les syndicats ont indiqué qu’ils allaient saisir immédiatement les services de M. Montebourg afin qu’il organise cette-table ronde avant un comité central d’entreprise prévu mardi prochain à Sélestat, a ajouté M. Sardin.

Les syndicats jugent en effet “nulle et non avenue” l’annonce de mercredi en Suisse, arguant que le comité central d’entreprise doit se tenir sur le territoire français.

Le maire UMP de Sélestat (Bas-Rhin) Marcel Bauer a appelé jeudi dans un communiqué “avec gravité” à l’intervention de M. Montebourg, la municipalité et l’élu témoignant “de leur incompréhension” et réclamant l’organisation rapide d’une table ronde”.

De leur côté, des élus de Haute-Vienne, dont le maire (DVG) de Saint-Junien Pierre Allard, ont dénoncé le projet de restructuration: “Ce qui était incompréhensible et injuste il y a 9 mois (au moment du projet de fermeture de Saint-Junien) reste incompréhensible et injuste aujourd’hui”, déclarent-ils dans un communiqué, en appelant à M. Montebourg.

“Dans la crise que nous traversons, M. le ministre, personne ne comprendrait qu’une entreprise rentable supprime inconsidérément de l’emploi”.

Albany, dont le siège est situé à Rochester dans le New Hampshire (Etats-Unis), emploie quelque 4.300 personnes sur ses sites répartis dans onze pays. Le groupe est leader dans le domaine des composites tissés, des textiles pour habillage des machines industrielles, et tissus techniques pour l’industrie du papier.