Un an déjà que vous êtes la plus haute instance du pays. Mais à quoi sert la hauteur si elle n’est reconnue que de vous-même?
Le bilan de l’ANC est décevant. Son curseur se trouve entre le déni, l’autisme et le dédain. On dit souvent qu’il n’y a pire aveugle que celui qui ne veut voir. Voir un pays souffrir et s’enliser, lutter, et commencer à se haïr est-il suffisant pour regretter cette Constituante? Assurément non. Regretter que le choix fût de partir d’une feuille blanche et d’en être réduits à espérer au mieux la Constitution de 1959. C’est cela même que nous regrettons!
A l’image du pays, la colère, les déceptions, les absences, les changements de camps, le manque de sérieux prolifèrent au sein de l’Anc. Nous n’aimons pas ce que l’on y voit. Entre les coups de tonnerre, les coups bas et ceux pour rien, et les singeries de certains, l’image retransmise lors des séances plénières sont désolantes. Les cacher aurait été pire. Ce n’est qu’avec la transparence, encore chimère, que vous prendrez conscience du lamentable exemple que vous donnez à ceux qui ont cru en vous ou pas.
Se voir tricher, insulté, louvoyer, agresser, indiscipliné, maltraité, et se révéler force de proposition ne fait grandir que les esprits éclairés. Pour le reste, elles mettent de côté les plus faibles et à nu les cabotins qui ont la confusion entre une ANC et un show. Théâtre de leurs pitoyables aspirations au détriment d’une responsabilité historique.
La violence verbale et le mépris sanctionnent les nouvelles élites qui se sont plus hissées au pouvoir qu’à la constitution d’une vraie élite. Les pitreries du gouvernement qui mixe les rejets et procès d’intentions à l’incompétence rajoutent du discrédit et plombe le dialogue non pas entre la classe dirigeante du pays, Troïka, opposition, ANC et gouvernement mais aussi et surtout avec le peuple, la société civile…
La mixture est incohérente quand elle se voit saupoudrée de cynisme et de menaces en l’air d’une opposition qui passe plus de temps à se mettre en scène qu’à mettre la pression. Reste alors une vérité qui inquiète. Il ne peut en être autrement. Si l’ANC est à ce point impuissante et marginalisée, c’est que les priorités sont tout simplement ailleurs.
Pour son premier anniversaire, quand bien même l’ANC nous sert un communiqué suffisant en s’auto-congratulant, elle ne parvient pas à convaincre grand monde. Si la présidence de l’ANC considère que le bilan est positif dans l’ensemble, étant donné la complexité de la situation et l’ampleur des legs de la dictature, elle nous rassure quant à sa volonté de “respecter le calendrier fixé sans lenteur calculée ni empressement inutile». Alors empressez, empressez-vous! Marchez, courez, volez, aurait dit Voltaire!
Le rouleau compresseur de la dictature est en marche. Il confirme tous les jours un peu plus sa mainmise sur l’Etat et œuvre à faire traîner de passer à l’essentiel. A savoir la rédaction de la Constitution, une feuille de route claire, une confirmation des institutions démocratiques.
Usant de manœuvres, de diversions et de faux débats, tous les moyens sont mis pour que la Constituante, qui se devait d’être un espace de construction de tous les avenirs et un réceptacle des aspirations autant qu’un espace de contestations et d’apprentissages, soit discréditée. C’est chose faite! L’objectif est atteint.
La déclaration de Hamadi Jebali a sonné le glas. Guerre plus brillant que l’ANC, l’exécutif s’érige en donneur de leçons et haussant le ton. La foire aux enchères des prochains rendez-vous est ouverte. Le trophée de la date la plus éloignée revient à la Constitution. Un élu a osé mentionner 2015 et un ministre a proposé des élections en 2014. Qui dit mieux?
Faute d’un vrai calendrier et dans l’attente d’un engagement clair et solennel, l’ANC est celle de la débâcle. Il ne tient qu’a elle pour ne pas la transformer en honte. Il n’y a pire déception que celle que l’on afflige à tout un peuple.
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