à Londres, le 30 octobre 2012 (Photo : Carl Court) |
[26/11/2012 11:57:36] ZURICH (AFP) La banque suisse UBS a été condamnée lundi à une amende de près de 30 millions de livres et placée sous l’étroite surveillance de son régulateur, en raison des importantes lacunes dans le contrôle et la gestion des risques dans le cadre de l’affaire Adoboli.
“Sans ces manquements, les transactions frauduleuses du trader fautif auraient été découvertes plus tôt”, a commenté la Finma, l’autorité suisse de surveillance des marchés financiers dans un communiqué.
Dans un rapport publié lundi, la Finma a mis en évidence une suite de défaillances dans le système de contrôle d’investissement d’UBS, en dépit de signaux qui aurait dû alerter les responsables sur les pertes de courtages de 2,3 milliards de dollars liées aux transactions frauduleuses du courtier Kweku Adoboli.
De son côté, l’Autorité britannique des marchés financiers (FSA) a décrit les systèmes de contrôles d’UBS comme “gravement défectueux”, ce qui a permis à M. Adoboli, “un trader relativement jeune, de prendre des positions de marché importantes et risquées”.
En concertation avec le régulateur suisse, la Financial Service Authority a imposé à la banque une amende de 29,7 millions de livres (près de 37 millions d’euros). La pénalité aurait pu grimper jusqu’à 42,4 millions de livres, mais a été réduite de 30% dans la mesure où la banque a accepté rapidement un accord avec la FSA.
La Finma a de son côté imposé une série de mesures, interdisant notamment à UBS de procéder à de nouvelles acquisitions dans ses activités de banque d’investissement.
Parmi les mesures correctives, la Finma entend également imposer des restrictions de capitaux à cette division. Les actifs pondérés en fonction des risques d’UBS de la banque d’investissement seront soumis à une limite supérieure qui se réduira graduellement, de 2012 à 2015.
Les actifs pondérés en fonction des risques de la succursale londonienne seront également soumis à une limite supérieure se réduisant au fil des années.
En outre, toute nouvelle initiative commerciale significative dans la banque d’investissement devra être au préalable acceptée par la Finma, a précisé le régulateur suisse.
Dans un communiqué, la banque UBS a indiqué qu’elle acceptait les conclusions des autorités de régulation britannique et suisse, ajoutant qu’une série de mesures correctives avaient été adoptées, notamment au niveau de la formation de ses collaborateurs sur la gestion des risques.
ù il a été condamné pour transactions frauduleuses, le 20 novembre 2012 (Photo : Andrew Cowie) |
“Nous sommes heureux que ce chapitre soit clos et que les autorités de réglementation aient reconnu les mesures prises par UBS depuis le début de cette affaire”, a déclaré l’établissement suisse dans un communiqué.
Des mesures disciplinaires ont également été prises “à l’encontre des collaborateurs qui n’avaient pas respecté les normes élevées que nous exigeons”, a ajouté la banque.
Le courtier Kweku Adoboli a été condamné la semaine dernière à sept ans de prison par le tribunal londonien de Southwark qui a jugé M. Adoboli coupable de deux chefs d’accusation de fraude.
A la Bourse suisse, l’action UBS était en baisse de 0,88% vers 12h45 (11h45 GMT), après avoir chuté de 1,56% une heure plus tôt, dans un marché en recul de 0,47%. Les observateurs remarquent que la publication du rapport n’a que peu d’effets sur le cours. Les mesures correctives communiquées par l’autorité de surveillance étaient attendues.
Pour Tim Dawson, analyste chez Helvea, “il est clair que cette décision est une motion de censure à l’égard de l’équipe dirigeante qui était en place à l’époque”.
“Cela signifie que la société n’a pas d’autres choix que de renforcer ses contrôles internes et de prendre une direction qui aille davantage de le sens souhaité par ses actionnaires”, a commenté l’analyste, interrogé par l’AFP
Mais cela n’aura pas d’impact pour sa banque d’investissement dans la mesure où la société souhaite réduire ces activités de toute façon”, a-t-il ajouté.
Fin octobre, UBS avait annoncé la suppression de près de 10.000 emplois dans le cadre d’une profonde réorganisation.