Le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, rencontre des ouvriers de Florange le 27 septembre 2012 (Photo : Jean-Christophe Verhaegen) |
[26/11/2012 15:04:00] PARIS (AFP) La rupture est consommée entre le gouvernement et ArcelorMittal autour de l’avenir de Florange, le ministre Arnaud Montebourg employant des mots très durs contre l’homme d’affaire indien, qui n’entend pas lâcher tout le site sidérurgique et rencontrera François Hollande mardi.
“Nous ne voulons plus de Mittal en France parce qu’ils n’ont pas respecté la France”, a déclaré dans Les Echos datés de lundi Arnaud Montebourg.
Le ministre du redressement productif a toutefois tempéré lundi ses déclarations.
“Quand j’ai déclaré +nous ne voulons plus de Mittal en France+, j’ai voulu dire que nous ne voulons plus des méthodes de Mittal en France, des méthodes qui relèvent du non-respect des engagements, du chantage et des menaces”, a précisé le ministre en marge de son déplacement dans l’usine Duralex près d’Orléans.
Cela “ne remet pas en cause la présence industrielle d’ArcelorMittal en France. Ce qui est en cause, c’est Florange, et uniquement Florange”, a-t-il ajouté.
La famille Mittal a confié au journal Le Monde que ses membres étaient “extrêmement choqués” par les propos du ministre du redressement productif.
Le PDG du groupe, Lakshmi Mittal ne semble pas décidé à céder tout le site comme le souhaiterait le gouvernement pour trouver un repreneur.
Des ouvriers de Florange attendent la visite du ministre du Redressement productif, le 27 septembre 2012 (Photo : Jean-Christophe Verhaegen) |
“On a accepté d’ajouter la cokerie dans la corbeille alors que le groupe préférerait la garder”, rappelle l’entourage de la famille.
“Tout cela a été stipulé dans un accord juridiquement contraignant”, précise-t-il. Si aucune solution n’était trouvé d’ici le 1er décembre, l’accord prévoit la mise en branle automatique du dialogue social préalable à la fermeture des usines concernées.
Dans ce contexte, le président de la République François Hollande pourrait jouer le rôle d’arbitre mardi à l’occasion d’une rencontre avec M. Mittal.
Le 1er octobre, ArcelorMittal avait annoncé sa volonté de fermer une partie du site de Florange, la filière liquide (la production d’acier brut à partir de minerai de fer et de charbon, où travaillent environ 650 personnes).
Il avait alors laissé 60 jours au gouvernement pour trouver un repreneur pour les installations en sursis, auxquelles il avait ajouté la cokerie (cuisson du charbon) pour plus de cohérence.
Or le gouvernement a indiqué la semaine dernière avoir reçu deux offres, mais seulement pour l’intégralité du site, donc comprenant le laminoir à chaud (transformation des grosses plaques d’acier, les brames, en rouleau de tôle plus fine), et les lignes de traitement et de finition de l’acier.
Face au refus d’ArcelorMittal d’élargir le périmètre de la vente, le gouvernement a brandi la semaine dernière la menace d’une nationalisation temporaire, pour pouvoir ensuite le céder dans les conditions souhaitées.
Un contrôle par l’Etat serait “respectueuse de l’Etat de droit français et européen”, a déclaré lundi Arnaud Montebourg.
Le site ArcelorMittal de Florange, le 20 novembre 2012 (Photo : Jean-Christophe Verhaegen) |
“Une prise de contrôle public temporaire est une option parfaitement raisonnable, qui est en train de s’imposer, parce qu’elle est à coût nul pour le contribuable, qu’elle est respectueuse de l’Etat de droit français et européen”, a-t-il expliqué.
Selon les Echos, le site de Florange est inscrit au greffe du tribunal de commerce de Nancy, et l’Etat peut reprendre sans l’aval de son propriétaire moyennant indemnisation.
Pour le journal, le plan de gouvernement serait de s’associer avec un opérateur industriel, minoritaire.
Interrogé sur ce point, le ministère n’a pas souhaité apporter de précisions.
Cette idée de nationaliser a reçu nombre de soutiens politiques de tous bords.
Le président de l’UDI Jean-Louis Borloo s’y est notamment dit favorable, tout comme des élus politiques de Moselle dont une députée UMP.
L’ex-ministre de l’Economie Thierry Breton, qui était à Bercy lorsque Mittal avait lancé une OPA sur Arcelor en 2006, a déclaré dans Les Echos que la nationalisation par la loi figure dans l’arsenal juridique français et que “sa légitimité ne saurait donc être discutée dans son principe”.
La fédération FO métaux a elle estimé lundi qu’une nationalisation temporaire de l’ensemble du site de Florange était “la seule solution pour que cette activité stratégique pour la France et le bassin d’emploi continue à vivre et à prospérer”.