Entre crise et dettes, ArcelorMittal ne parvient pas à sortir de l’étau

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ée du site de Florange (Photo : Jean-Christophe Verhaegen)

[26/11/2012 15:28:58] PARIS (AFP) Demande d’acier morose, dette massive et usines surdimensionnées en Europe, le numéro un mondial de la sidérurgie ArcelorMittal, qui se débarrasse des hauts-fourneaux de Florange, ne parvient pas à sortir de la crise.

ArcelorMittal perd beaucoup d’argent : au troisième trimestre il a essuyé une perte nette de 709 millions de dollars, contre un bénéfice de 659 millions un an plus tôt.

C’est surtout en Europe, et dans les aciers plats au carbone, activité qui inclut le site de Florange, qu’ArcelorMittal souffre. La faute à ses clients industriels, dont les constructeurs automobile, grand consommateurs d’acier, qui ont réduit la voilure dans un marché sinistré.

Cette seule division a perdu 303 millions d’euros au troisième trimestre. Fin octobre, sur les 25 hauts-fourneaux dévolus à cette production en Europe, seuls 14 étaient en fonctionnement.

Le groupe souffre aussi d’un endettement net qui atteignait 23,2 milliards d’euros fin septembre. Ces résultats ont été sanctionnés par l’agence de notation Moody’s, qui a relégué le groupe au rang d’investissement spéculatif début novembre.

Son diagnostic: le groupe est touché par “la dégradation du marché de l’acier”, et ces conditions “difficiles” vont perdurer.

Standard and Poor’s avait fait de même en août, tandis que Fitch abaissait sa note à BBB-, dernier cran avant la catégorie spéculative, autant de décisions susceptibles de renchérir le financement du groupe.

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usine de Florange, le 9 avril 2009 (Photo : Jean-Christophe Verhaegen)

“La situation de Mittal se dégrade (et) le groupe est obligé de racler les fonds de tiroir pour remplir ses obligations” financières, commente, sous couvert d’anonymat, un spécialiste du secteur.

“ArcelorMittal est sous une pression très importante à cause de sa dette”, ajoute un ancien dirigeant du groupe, Jean-Louis Pierquin. A ce titre la fermeture de Florange a “un effet psychologique auprès des analystes financiers (pour) montrer que l’on est capable de réduire les capacités” de production, avance-t-il.

Pas tout seul dans la crise

ArcelorMittal n’est pas le seul en difficulté dans l’acier, un secteur en crise, au moins en Europe, depuis le milieu des années 1970. Vallourec, Tata Steel, Nippon Steel, Salzgitter, ThyssenKrupp : tous ont enregistré au moins un trimestre de perte cette année.

Mais selon M. Pierquin, Mittal “a utilisé (depuis son rachat d’Arcelor en 2006) une grosse partie des liquidités (générées par la sidérurgie) et s’est endetté” pour “racheter des mines” à un prix élevé.

Il entendait ainsi sécuriser son approvisionnement en matières premières, mais la stratégie s’est retournée contre lui car l’endettement hérité de “l’achat des mines a pénalisé la résistance du groupe en bas de cycle économique”, analyse-t-il.

Pour redresser la barre, ArcelorMittal a vendu en un peu plus d’un an 2,7 milliards de dollars d’actifs, et a sabré le dividende (20 cents par action en 2012 contre 75 cents un an plus tôt).

Côté réduction de coûts, le groupe, présent dans 60 pays, tente d’optimiser l’utilisation de ses usines, en faisant tourner les sites les plus compétitifs et en mettant en sommeil, voire en arrêtant, les autres.

Il a ainsi réduit ses coûts de 4,8 milliards de dollars depuis 2008.

Ces mesures portent toutefois le risque de ralentir ArcelorMittal dans la course technologique entre les grands sidérurgistes, notamment pour réduire les émissions de CO2.

“Arcelor était le leader technologique en particulier dans les aciers pour l’automobile, c’est de moins en moins vrai”, car il est supplanté par ses concurrents japonais, et surtout coréens, juge M. Pierquin, qui a notamment dirigé la recherche et développement du groupe.