Le bras de fer Montebourg-Mittal sur Florange sous l’arbitrage de Hollande

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acierie ArcelorMittal de Florange, le 20 novembre 2012 (Photo : Jean-Christophe Verhaegen)

[27/11/2012 08:10:26] PARIS (AFP) L’avenir des hauts-fourneaux de Florange sera discuté mardi au Palais de l’Elysée où le président François Hollande reçoit le patron indien du groupe ArcelorMittal, avec lequel le ministre Arnaud Montebourg a entamé un bras de fer en menaçant de nationaliser tout le site.

M. Hollande ne s’est pas exprimé publiquement sur un éventuel passage dans le giron public de Florange, mais il n’a pas bridé son bouillant ministre du Redressement productif quand celui-ci a commencé à menacer le sidérurgiste de nationaliser son site lorrain, hypothèse qui a rallié ces derniers jours plusieurs soutiens politiques, y compris à droite.

L’Elysée n’a pas communiqué l’heure à laquelle le patron d’ArcelorMittal, Lakshmi Mittal, serait reçu par le président. Les deux hommes s’étaient déjà rencontrés au début de l’affaire, il y a un peu moins de deux mois.

Henri Guaino, député UMP et ancien conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, a jugé mardi que M. Montebourg avait “tort d’utiliser la polémique” mais que, “sur le fond, il a raison”.

De son côté, le groupe a mis dans la balance ses 20.000 salariés en France, affirmant que nationaliser Florange serait de nature à remettre en cause la présence du numéro un mondial de l’acier dans l’Hexagone.

Michel Delebarre, sénateur-maire de Dunkerque, où sont installés d’autres hauts-fourneaux d’ArcelorMittal, a regretté lundi soir des “déclarations à l’emporte-pièce” sur ce dossier, ciblant implicitement M. Montebourg.

Quant à une nationalisation temporaire, “aucune éventualité ne peut être exclue à condition qu’elle s’appuie sur une expertise des forces et faiblesses de la filière et si elle intègre l’impact sur les autres sites français”, a prévenu l’ancien ministre, alors qu’un des hauts-fourneaux de Dunkerque est déjà à l’arrêt.

L’offensive d’Arnaud Montebourg est montée en puissance depuis quelques jours, à l’approche de la date couperet du 1er décembre, quand expirera le délai octroyé par l’entreprise au gouvernement pour trouver un repreneur aux hauts-fourneaux. Faute de quoi, ils seront mis définitivement en sommeil.

Le coeur du problème est le périmètre des activités dont veut se débarrasser ArcelorMittal.

Le 1er octobre, il avait annoncé sa volonté de fermer une partie du site, la filière liquide – la production d’acier brut à partir de minerai de fer et de charbon, où travaillent environ 650 personnes -, alors que le marché européen de l’acier est en plein marasme.

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éalisé le 26 novembre 2012 du ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg (g) et du patron du groupe ArcelorMittal, Lakshmi Mittal (Photo : Thierry Zoccolan)

Face au choc provoqué par cette annonce, alors que les plans sociaux se sont multipliés ces derniers mois en France, M. Montebourg avait obtenu du groupe un délai de deux mois pour trouver un repreneur.

Le gouvernement a indiqué la semaine dernière avoir reçu deux offres, mais seulement pour l’intégralité du site, donc comprenant le laminoir à chaud (transformation des grosses plaques d’acier, les brames, en rouleau de tôle plus fine), et les lignes de traitement et de finition de l’acier, dont ArcelorMittal ne veut pas se séparer.

M. Montebourg a alors haussé le ton, allant même jusqu’à affirmer lundi dans la presse: “nous ne voulons plus de Mittal en France”, avant de tempérer son propos le jour même, en affirmant qu’il n’en avait qu’après les “méthodes” du groupe qui relèvent “du non-respect des engagements, du chantage et des menaces”.

L’entourage de la famille Mittal avait fait savoir que ses membres étaient “extrêmement choqués” par la teneur de ces propos.

L’homme d’affaires Michel-Edouard Leclerc, patron du groupe éponyme et habitué des négociations houleuses qu’il mène avec l’industrie agroalimentaire, a livré lundi soir sur RTL son analyse personnelle: “Peut-être que Montebourg joue celui qui met le glaive, pendant que le président va recevoir Mittal (…) et ils trouveront peut-être une porte de sortie sous la pression”.