OCDE : éviter les excès de rigueur pour échapper à une récession mondiale

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ès une réunion OIT-FMI-OCDE-Banque mondiale-OMC avec le président François Hollande (c) à Paris, le 29 octobre 2012 (Photo : Bertrand Langlois)

[27/11/2012 10:17:39] PARIS (AFP) Les Etats-Unis et la zone euro doivent s’abstenir de tout excès de rigueur budgétaire dans les prochains mois pour éviter que l’économie mondiale, en plein accès de faiblesse, plonge à nouveau dans la récession, prévient mardi l’OCDE.

“Après cinq ans de crise, l’économie mondiale faiblit à nouveau”, constate l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Dans son rapport semestriel sur les “Perspectives économiques mondiales”, elle revoit à la baisse ses prévisions de croissance dans la plupart des grandes économies.

Aux Etats-Unis, la croissance est toujours là mais moins forte qu’attendu dans le précédent rapport, en mai. Elle serait de 2,2% cette année et de 2% en 2013, avant de rebondir à 2,8% en 2014.

Mais c’est surtout dans la zone euro, dont la crise “demeure la principale menace pour l’économie mondiale”, que la situation s’aggrave. Malgré les récents progrès politiques, le contexte reste “précaire” et “il n’est pas difficile d’imaginer que la situation puisse dégénérer”, ce qui replongerait le monde dans la récession.

La récession dans l’Union monétaire serait plus forte qu’attendu en 2012, avec un produit intérieur brut (PIB) en recul de 0,4%, et, fait nouveau, se poursuivrait l’an prochain (-0,1%). La reprise serait repoussée à 2014 (+1,3%).

En France, la croissance ne serait que de 0,2% en 2012 et 0,3% en 2013 puis accélèrerait à 1,3% en 2014. C’est moins qu’attendu par le gouvernement pour tenir ses engagements de réduction du déficit public, qui ne seraient donc pas pleinement respectés.

Perte de confiance

Selon le club des pays riches, le “facteur clé” de ces perspectives moroses est une “baisse significative de la confiance”, sur fond de désendettement tous azimuts, de ralentissement dans les pays émergents et de chômage élevé qui, dans la zone euro, atteindrait le niveau record de 12% de la population active en 2014.

Du coup, son chef économiste Pier Carlo Padoan appelle à éviter tout “assainissement excessif des finances publiques à court terme”, des deux côtés de l’Atlantique.

“Si le +mur budgétaire+ n’est pas évité, un choc négatif considérable pourrait faire basculer les Etats-Unis et l’économie mondiale dans la récession”, prévient-il. Républicains et démocrates doivent donc à tout prix trouver un accord d’ici la fin de l’année sur un plan de réduction du déficit à moyen terme, “plus mesuré” que les coupes et hausses d’impôts drastiques qui, sinon, entreraient automatiquement en vigueur en 2013.

“Dans la zone euro, l’ajustement du solde budgétaire structurel devrait s’en tenir aux engagements actuels et les stabilisateurs automatiques (comme les prestations sociales) devraient pouvoir jouer librement”, met-il en garde. Cela signifie que les gouvernements ne doivent pas prendre de nouvelle mesure de rigueur si la croissance escomptée n’est pas au rendez-vous et si les objectifs affichés de réduction du déficit public ne sont pas atteints.

Selon l’OCDE, “pour éviter la perte de crédibilité qui affecterait des pays agissant dans leur coin, une telle politique devrait être définie et rendue publique de manière concertée” au niveau européen. Autrement dit, la Commission européenne doit lâcher du lest et faire savoir qu’elle ne sanctionnera pas les Etats qui ne seront pas dans les clous l’an prochain.

Et, en cas d’aggravation ultérieure de la conjoncture, les gouvernements devraient “ralentir l’assainissement budgétaire” voire, pour les Etats vertueux comme l’Allemagne, prendre des “mesures temporaires de relance”.

Mais la zone euro doit aussi aller vite dans sa stratégie de sortie de crise, notamment en mettant en place une vraie union bancaire. En effet, déplore l’OCDE, “la crise s’est prolongée de manière excessive en raison du caractère tardif et insuffisant des interventions publiques”.