«Nous avons commencé à travailler en février 2012», indique Jamel Belhaj. Il a d’abord fallu commencer à mettre sur pied une équipe. Pour constituer le noyau dirigeant, le directeur général a réussi à s’adjoindre les services de plusieurs personnalités, dont Ahmed Hadouej, conseiller auprès de la direction générale.
Aussitôt constituée, ce noyau a planché sur la doctrine d’investissement et le business plan de la CDC. Outre des principes généraux (développer l’investissement à long terme, investir sous forme de fonds propres ou quasi fonds propres dans des projets «économiques viables», en règle générale en tant qu’investisseur minoritaire –sauf pour les investissements stratégiques-, de manière prioritaire sur le territoire national, et en respectant les règles de marché et de la concurrence), cette doctrine définit les principes d’intervention de la CDC.
Ce bras de l’Etat peut opérer en tant qu’«investisseur d’intérêt général» (agir dans le cadre d’un mandat explicite de l’Etat, en appui des politiques publiques et sur des besoins non couverts ou insuffisamment couverts par le marché, intervenir en tant qu’investisseur ou co-investisseur contra-cyclique, et assurer le rôle de tiers de confiance et d’expert neutre) ou «investisseur financier (détenir des actifs diversifiés et sécurisés, gérer des actifs dans une perspective de long terme, garantir dans la durée les revenus nécessaires au financement des activités et exercer un effet d’entraînement auprès des investisseurs privés).
En fait, alors même que son équipe –actuellement forte d’une dizaine de membres et de 25 à terme- est en cours de formation, la CDC a déjà commencé à mener la mission pour laquelle elle a été créée, à savoir conserver les ressources, fonds et titres mis à sa disposition, et celles mobilisées par elle-même en les investissant dans différentes catégories de Bons du Trésor et placements garantis par l’Etat, la participation à des investissements avec le secteur privé «dans tous les domaines économiques à caractère stratégique», spécialement les infrastructures, le développement régional, les nouvelles technologies, l’environnement, le développement durable et le soutien au petites et moyennes entreprises, «en veillant à leur viabilité économique».
Un premier projet a déjà vu le jour; il s’agit de Theemar Investement Fund, le premier fonds commun de placement à risque de droit tunisien se réclamant de la finance islamique, créé en juin 2012 par la CDC, la Banque islamique de développement (BID), le groupe koweïtien (KIPCO) et la banque Al Baraka. Doté de 50 millions de dinars, et géré par la société de gestion United Gulf Financial Services-North Africa (UGFS-NA), ce fonds a pour objectif de financer 30 PME tunisiennes implantées dans les régions intérieures du pays pour les aider à améliorer leur compétitivité, faciliter leur accès aux marchés nationaux et internationaux et assurer la pérennité des investissements et la préservation des postes d’emplois.
Mais depuis le lancement de ce fonds, Jamel Belhaj et son équipe sont loin d’avoir chômé. Le conseil d’administration de la CDC vient de décider la création d’un fonds régional, toujours destiné aux PME, et doté de 100 millions de dinars. En outre, le lancement d’autres véhicules financiers et la prise de participations dans des fonds initiés par d’autres investisseurs, dans divers secteurs, sont à l’étude.