Florange : les métallos à Paris pour que le gouvernement “ne lâche rien”

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acierie ArcelorMittal Florange, le 20 novembre 2012 (Photo : Jean-Christophe Verhaegen)

[28/11/2012 11:48:07] PARIS (AFP) Plongés dans l’incertitude à une encablure de l’expiration du délai de reprise pour Florange, le 1er décembre, des sidérurgistes viennent chercher mercredi des réponses à Paris, déterminés à camper sur place jusqu’au bout pour que le gouvernement “ne lâche rien” dans son projet de nationalisation.

“Face à Mittal, ne lâchez rien monsieur le ministre”, par cette banderole, les militants métallos entendent apporter tout leur soutien au ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg engagé dans un bras de fer avec le patron d’ArcelorMittal, Lakshmi Mittal, sur l’avenir du site mosellan que le gouvernement souhaite nationaliser temporairement.

Le dossier est désormais entre les mains de l’Elysée. De la rencontre mardi soir entre François Hollande et le patron du géant de l’acier, rien de concret n’a filtré si ce n’est une poursuite des négociations jusqu’à la dernière minute.

Selon une source gouvernementale, une nouvelle rencontre Mittal/Hollande n’est pas exclue d’ici la fin de la semaine.

Jusqu’à présent ArcelorMittal campe sur sa volonté de fermer en partie le site de Florange (la phase +liquide+, production d’acier brut, qui emploie 650 personnes) mais entend conserver l’aval (la phase de transformation d’acier en produits industriels élaborés, livrés notamment à l’automobile).

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énergie à Paris, le 28 novembre 2012 (Photo : Eric Piermont)

Le gouvernement refuse cette partition et menace d’en passer par la nationalisation.

Alors qu’une centaine de contacts avaient été pris auprès d’ArcelorMittal après son annonce, le 1er octobre, de fermer les hauts-fourneaux, les deux seuls repreneurs potentiels encore en lice visent l’ensemble du site de Florange.

Deux scénarios restent donc désormais sur la table: soit Mittal met la totalité du site en vente, c’est une cession volontaire, soit l’Etat récupère le site intégré (de la production d’acier jusqu’à sa transformation) et le cède ensuite à un repreneur.

Le ministre du Travail, Michel Sapin, a martelé encore mercredi qu’une solution visant à assurer l’avenir du site sidérurgique “devra être proposée d’ici vendredi par ArcelorMittal”, et d’insister: l’hypothèse d’une nationalisation partielle “restait sur la table”, selon lui.

“Toutes nos forces derrière Montebourg”

Des syndicalistes de Florange FO, CFDT, CGT et CFE-CGC, aux côtés d’élus locaux, doivent être reçus par M. Montebourg, au ministère du Redressement productif, à 17h15. Une dizaine de métallos projettent ensuite de camper devant le ministère jusqu’à la fin du délai imparti aux repreneurs.

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ArcelorMittal Lakshmi Mittal, le 13 mai 2008 au Luxembourg (Photo : Frederick Florin)

“Nous mettons toutes nos forces derrière M. Montebourg et soutenons la nationalisation, même temporaire, de la totalité du site. Il nous a montré que c’est un combattant. Maintenant, à trois jours de l’ultimatum, c’est le moment qu’il nous explique sa stratégie en face à face”, a expliqué à l’AFP Walter Broccoli (FO).

“Les 2.800 salariés ont peur et sont inquiets”, ajoute-t-il, car faute de solution samedi, ArcelorMittal mettra en branle le processus du plan social, de l’accord de méthode aux modalités d’accompagnement des 650 salariés employés dans la phase liquide.

Plus tôt, quelques dizaines de sidérurgistes mosellans, partis à 08h00 de Lorraine, doivent manifester devant l’Assemblée nationale, et une poignée d’entre eux assistera aux questions posées dans l’Hémicyle au gouvernement.

L’idée est de “soutenir Montebourg dans sa démarche”, commente Jean-Marc Vercin (CFDT), comme certains dans la classe politique française l’ont fait. Le député UMP Henri Guaino, le président du MoDem, François Bayrou, ou le coprésident du Parti de Gauche, Jean-Luc Mélenchon, ont soutenu mardi l’idée d’une nationalisation. D’autres, d’accord sur le fond, regrettent le ton virulent employé par le ministre face à la direction d’ArcelorMittal.