GSK condamné en appel à indemniser un malade devenu addict

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ège du laboratoire pharmaceutique GlaxoSmithKline (GSK) photographié en janvier 2002 à Londres (Photo : Odd Andersen)

[28/11/2012 18:21:09] RENNES (AFP) Un homme atteint de la maladie de Parkinson ayant souffert d’addictions au jeu et au sexe liées à la prise de son traitement s’est vu accorder mercredi près de 200.000 euros par la cour d’appel de Rennes (ouest de la France), qui a confirmé la responsabilité du laboratoire GlaxoSmithKline (GSK), fabricant du médicament en question.

GSK – condamné en première instance fin mars 2011 à Nantes à verser 117.000 euros à Didier Jambart – a vu s’alourdir à 197.468,83 euros le montant des dommages-intérêts qu’il devra payer en réparation des effets secondaires subis par M. Jambart et sa famille, après la prise du Requip.

A l’énoncé du délibéré, Didier Jambart, 52 ans, accompagné de sa femme, s’est effondré en larmes dans la salle d’audience.

“C’est un grand jour”, a-t-il commenté plus tard, très ému. “C’est sept ans de bataille pour faire reconnaître, avec nos faibles moyens, que GSK nous a mentis, a brisé notre vie (…) à des fins commerciales. Je suis heureux que justice soit faite, je suis heureux pour ma femme et mes enfants”, a-t-il déclaré.

“C’est une double claque pour GSK”, s’est pour sa part félicité Antoine Béguin, l’avocat de Didier Jambart, qui a, ironiquement, “remercié” GSK d’avoir interjeté appel de sa première condamnation. “Il perd une nouvelle fois et les indemnités sont augmentées”, a-t-il souligné à l’AFP.

Évoquant une condamnation “inédite” pour des effets indésirables de ce type, hypersexualité et addiction au jeu, il s’est également réjoui que “face à un laboratoire pharmaceutique surpuissant, on a une justice qui fait son travail sereinement”.

La cour d’appel de Rennes a confirmé dans son arrêt, dont l’AFP a obtenu copie, que l’absence d’informations sur la notice du médicament concernant ses effets indésirables était bien liée au préjudice subi par M. Jambart.

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çais qui a attaqué le laboratoire britannique GlaxoSmithKline, le 24 mars 2011 au tribunal de Nantes (Photo : Damien Meyer)

Les juges ont aussi relevé des “présomptions graves, précises et concordantes” permettant d’imputer les troubles subis par M. Jambart à la prise du Requip.

“Pas honnête”

Le jour de l’audience à Rennes, début octobre, M. Jambart avait rappelé combien sa vie était devenue “un enfer”.

Avec son traitement, cet “enfer” s’était d’abord traduit par un besoin compulsif de jouer, le poussant à dilapider les économies familiales et à voler les coordonnées bancaires de collègues et de proches pour jouer au total quelque 82.000 euros, selon ses avocats.

Puis s’était développée une hypersexualité, le conduisant à s’exhiber sur internet, à se travestir et à se faire violer, selon lui. M. Jambart a aussi affirmé avoir commis huit tentatives de suicide. Les troubles avaient cessé après l’arrêt du traitement en 2005.

“Le Requip est un bon médicament”, a cependant souligné mercredi M. Jambart, “il apporte des solutions indéniables aux parkinsoniens”. “Par contre, il faut que les règles du jeu soient transparentes, le Requip a des effets indésirables, si on ne le dit pas c’est pas honnête”, a-t-il déclaré, se félicitant “qu’aujourd’hui, c’était dit, enfin”.

“Je pense que je vais pouvoir enfin dormir, me reposer et profiter un peu de la vie”, même si GSK “m’a privé” de sept années “que jamais je ne retrouverai”, a-t-il déclaré.

L’avocat de GSK, Jacques-Antoine Robert – qui avait réclamé une “expertise judiciaire contradictoire” et souligné “des incohérences majeures” dans ce dossier lors de l’audience – n’était pas immédiatement joignable pour commenter la décision de la cour d’appel.