Espagne : les banques bientôt renflouées, au prix de milliers d’emplois

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ège de la banque Bankia à Madrid (Photo : Pierre-Philippe Marcou)

[28/11/2012 21:19:24] MADRID (AFP) Les banques espagnoles ont franchi mercredi une étape décisive pour leur restructuration, avec le feu vert de Bruxelles qui permettra le prochain versement d’une aide financière, mais ce processus est coûteux en emplois, comme le montre l’exemple de Bankia.

Ébranlé par l’éclatement de la bulle immobilière en 2008, le secteur financier de la quatrième économie de la zone euro ne s’en est jamais vraiment remis, et certaines banques croulent désormais sous les actifs toxiques.

Une situation qui s’est traduite, ces derniers mois, par une vague de fusions et de rachats des entités les plus fragiles.

Celles qui n’ont pas trouvé preneur ont été nationalisées d’office et pour quatre d’entre elles (Bankia, Novagalicia, CatalunyaCaixa et Banco de Valencia), la Commission européenne a approuvé mercredi un plan de restructuration.

De ce feu vert dépendait l’octroi d’une aide de 37 milliards d’euros de la zone euro, qui pourrait être versée début décembre via le Mécanisme européen de stabilité (MES).

“Notre objectif est de rétablir la viabilité des banques qui bénéficient actuellement d’une aide, de manière à ce qu’elles puissent se passer d’aides publiques à l’avenir”, a expliqué le commissaire européen à la Concurrence, Joaquin Almunia.

Le Fonds monétaire international (FMI) a peu après salué l'”important progrès” réalisé dans l’assainissement du secteur bancaire espagnol.

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à Barcelone, le 22 novembre 2012 (Photo : Lluis Gene)

Ses experts soulignent toutefois, dans un rapport, que les “défis les plus importants” restent à venir. Ils s’inquiètent notamment de la profonde restructuration entamée par les banques en difficulté et du bon fonctionnement de la structure de défaisance ou “bad bank” que l’Espagne a dû créer en échange de l’aide européenne.

Sur les quatre banques déjà nationalisées, Banco de Valencia, jugée non viable, a été attribuée mardi soir, pour un euro symbolique, à CaixaBank, première banque du pays par les actifs.

Mais le cas le plus problématique, et aussi le plus connu, est celui de Bankia: plus grande union de caisses d’épargne et quatrième banque du pays par les actifs, elle est devenue le symbole des excès des années de bulle immobilière où les banques ont prêté à tout-va.

Sa demande d’aide historique à l’Etat espagnol, en mai, avait précipité l’octroi en juin d’une promesse d’aide européenne au secteur de jusqu’à 100 milliards d’euros.

La banque, qui compte 7,5 millions de clients, a révélé mercredi les sacrifices que lui exigera sa restructuration: d’ici 2015, elle devra supprimer environ 6.000 emplois, soit 28% de ses effectifs, passant de 20.589 employés à quelque 14.500.

Pour y parvenir, elle fermera plus d’un tiers (39%) de ses agences.

Une annonce qui survient dans une Espagne déjà frappée par un chômage record, avec plus d’un actif sur quatre sans emploi.

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à Madrid, le 14 novembre 2012 (Photo : Dominique Faget)

Et pour le secteur bancaire, jugé surdimensionné par rapport à la taille du pays, la facture a été particulièrement lourde: en 2011, selon la Banque d’Espagne, le secteur employait 243.041 personnes, bien loin des 270.855 salariés de 2008. Le nombre d’agences bancaires est passé de 45.662 à 39.843.

Le plan de Bankia se veut optimiste, tablant sur un retour aux bénéfices en 2013, après une perte de 2,979 milliards d’euros en 2011, puis un bénéfice net de 1,2 milliard en 2015.

“C’est un plan viable, un plan qui nous permettra d’être une franchise de référence parmi les banques commerciales espagnoles”, “une franchise solide”, a assuré lors d’une conférence de presse le président de Bankia, José Ignacio Goirigolzarri.

Mais Bankia, qui recevra au total 17,959 milliards d’euros d’aides publiques, restera dans le rouge en 2012, avec une perte nette de 19 milliards attendue.

Au total, l’ensemble du secteur financier espagnol devrait bénéficier de la zone euro d’une aide tournant “autour de 40 milliards d’euros”, a assuré lundi le ministre de l’Economie Luis de Guindos.

La NCG, maison mère de l’une des autres banques, Novogalicia, a indiqué dans un communiqué qu’elle licencierait jusqu’à 2.500 personnes et que Bankia et elle fermeraient un grand nombre de succursales.