Dix mille entrepreneurs dont un millier d’étrangers ainsi que 2.000 rendez-vous B to B programmés. C’est le Carrefour d’Affaires et de Technologies 2012. Une occasion inédite pour remettre la Tunisie dans la ligne de mire aussi bien des investisseurs locaux qu’étrangers.
Entretien avec Férid Tounsi, DG de l’Agence de promotion de l’industrie et de l’innovation (APII), l’organisateur en partenariat avec l’ONUDI et la Ligue des Etats arabes.
WMC : Qu’attendez-vous du carrefour des Affaires et de Technologie?
Férid Tounsi : De ce Carrefour, nous attendons au moins trois résultats concrets.
Le premier est de stimuler l’investissement aussi bien tunisien, en partenariat, qu’investissement direct étranger. C’est notre premier objectif puisque nous réunissons pendant 3 jours quelques dix mille hommes d’affaires et jeunes entrepreneurs dont un millier de participants étrangers. Nous espérons que tout au long de la tenue du Salon, ils auront l’occasion de discuter ensemble de projets concrets puisque nous avons d’ores et déjà 2.000 rendez-vous préprogrammés, c’est professionnel et c’est précis.
Deuxième action importante que nous avons entreprise, c’est l’invitation de 900 jeunes en provenance de toutes les régions du pays à venir participer au CAT 2012 et à la Conférence internationale sur le travail productif pour les jeunes de Tunisie et de la région MENA. Le but est d’identifier les projets réalisables, et dans ce cas, nous pourrons assister les artisans et les accompagner, tout comme nous aiderons les jeunes porteurs de projets qui ont des difficultés à démarrer, les former dans la culture entrepreneuriale, les rassurer quant à leurs capacités et les inciter à mener leurs projets à bout.
Le troisième résultat escompté est de rassurer les milieux d’affaires aussi bien tunisiens qu’étrangers à l’amélioration des choses en Tunisie, deux ans après la chute de l’ancien régime. Il est vrai que nous sommes en phase transitionnelle mais sur le plan économique, le climat d’affaires est toujours aussi encourageant et incitatif. Les avantages compétitifs de la Tunisie sont intacts et peuvent profiter aussi bien aux Tunisiens qu’aux opérateurs étrangers.
Depuis le 14 janvier 2011, nous pouvons d’ailleurs y ajouter une meilleure gouvernance et plus de transparence.
Ce que vous dites là est extraordinaire, mais pourquoi ne le percevons-nous pas sur le terrain? Même le nouveau Code des Investissements tarde à être promulgué, et tant que nous ne l’avons pas vu, nous ne pouvons pas nous prononcer réellement sur sa portée ou son impact sur le climat d’affaires dans notre pays?
Je parle d’éléments objectifs et de chiffres dont je dispose. Pour les dix premiers mois 2012, les intentions d’investissements ont augmenté de 15,8%, ce qui prouve une réelle volonté de la part des Tunisiens et des étrangers pour continuer à investir dans le site Tunisie.
Pour ce qui est de la création d’entreprises, c’est une progression de 37% par rapport à 2011, d’après les statistiques dont nous disposons aux guichets uniques, les réalisations de l’année écoulée sont elles-mêmes en augmentation par rapport à l’année de référence qu’est 2010.
Vous estimez donc qu’il n’y a pas de problèmes au niveau de l’investissement en Tunisie?
Je ne conteste pas certaines difficultés et je ne blâme pas les personnes pressées, mais je pense qu’il faut être optimistes et regarder le bon côté des choses. La Tunisie est en phase de transition démocratique. Il faut capitaliser sur les aspects positifs et faire en sorte de combattre la corruption, les malversations et la mauvaise gestion.
Pour ce qui est du Code d’Incitations aux Investissement, sachez que l’augmentation de 15,8% d’intentions d’investissements a été réalisée au regard du code mis en œuvre aujourd’hui et pas celui qui sera promulgué et dans lequel nous comptons parer aux imperfections et aux faiblesses qui ont affecté l’application du code actuel. Un code qui date de 1993, qui a été rafistolé à différentes reprises et qui en est devenu encore plus compliqué.
Mais aujourd’hui, cela n’est pas un handicap. Car le code d’investissement ne représente qu’un élément d’appréciation au regard des investisseurs domestiques ou étrangers. Lorsqu’on investit, on le fait pour gagner un marché et en tenant compte de l’environnement de l’entreprise. Et en la matière, la Tunisie a capitalisé sur une expérience que tout le monde juge comme étant positive.
La Tunisie a, pendant 20 ans, réalisé 5% de croissance, nous aurions pu atteindre 20% de taux de croissance si ce n’est les maux de la corruption et de la mauvaise gouvernance.
Le Salon a été divisé sur 4 ailes régionales, quel est l’objectif préconisé par cette approche ?
Les deux problèmes structurels de la Tunisie sont le chômage et le déséquilibre régional. L’idée que nous avons adoptée est de mettre en valeur les régions les moins favorisées en mettant en valeur le potentiel et les atouts. Notre objectif est que, dans le cadre d’un partenariat Public/Privé, nous arrivions à donner la chance aux représentants des régions de discuter avec des investisseurs potentiels tunisiens et étrangers des opportunités de réaliser des projets dans ces zones marginalisées. Le CAT 2012 nous offre l’occasion de mettre les régions sur orbite.
Ces projets sont privés à 100%, et l’Etat, il n’intervient pas du tout ?
Les représentants du secteur public présenteront également les projets que le gouvernement compte développer dans ces régions. C’est d’autant plus important que cela sera de nature à rassurer les opérateurs privés qui entrevoient d’investir à l’intérieur du pays. L’Etat est le plus grand investisseur et une locomotive en matière d’investissements.