âgée marche avec une aide soignante (Photo : Jean-Francois Monier) |
[29/11/2012 07:37:55] PARIS (AFP) Le secteur des services à la personne, que les pouvoirs publics voulaient encourager, a été fragilisé par une succession de législations contradictoires, mais il semble promis à un bel avenir tant les besoins vont croître, liés notamment à la dépendance.
Alors que s’ouvre jeudi pour trois jours à Paris le 6ème salon des services à la personne, les professionnels entendent souligner l’essor depuis quelques années d’un secteur regroupant les services à la famille (soutien scolaire, garde d’enfants), aux personnes âgées, dépendantes ou handicapées, et les services de la vie quotidienne (ménage, jardinage…).
Environ 1,8 million de personnes en sont aujourd’hui salariées. “Depuis dix ans, on a enregistré une croissance de 5% par an, sauf l’an dernier, où elle n’a été que de 2%”, rappelle Marie-Béatrice Levaux, présidente de la Fédération des particuliers employeurs de France (Fepem).
Le développement du secteur a été encouragé en 2005 par la loi Borloo, qui a créé une série d’incitations fiscales et sociales. Mais depuis, une succession de décisions législatives, pas toujours favorables, ont assombri les perspectives.
“Il y a eu une lune de miel entre 2006 et 2009, mais depuis, une épée de Damoclès pèse au-dessus du secteur”, résume Alain Bosetti, président du salon des services à la personne.
La dernière modification en date, votée par l’Assemblée nationale, est la suppression de la cotisation au forfait pour les particuliers employeurs.
Jusqu’ici, ils pouvaient choisir de déclarer leurs salariés “au réel”, avec des cotisations calculées sur la base de l’intégralité du salaire, ou bien au forfait, avec des cotisations calculées sur la base du SMIC, quel que soit le salaire versé.
“Un potentiel énorme”
Le forfait était moins coûteux pour l’employeur dans le cas de prestations rémunérées au-delà du SMIC, mais conférait des prestations sociales moins importantes aux salariés.
Même compensée par un allègement de charges, la mesure a suscité l’ire des entreprises de services à la personne, qui représentent 8% du secteur, et brandissent aujourd’hui la menace de la destruction de 60.000 emplois.
L’allègement de charges sera en effet intéressant pour les emplois payés au SMIC ou un peu plus. Mais pour des prestations plus chères, comme en proposent souvent les entreprises (soutien scolaires, cours de musiques…) l’addition risque d’être salée.
énage (Photo : Mychele Daniau) |
“En augmentant le coût du travail, cette mesure va recréer du travail au noir”, craint Charles Dauman, le directeur général du groupe Shiva (ménage, repassage à domicile), tout en jugeant “l’instabilité législative terrible pour les entreprises”.
“Le secteur est fragile car on voit bien qu’il a besoin d’être subventionné pour survivre”, estime de son côté Bruno Leresche, président de Cnikel.com, un site dédié aux travailleurs des services à la personne. “Ce n’est peut-être pas un secteur pour les entreprises, tant les marges sont faibles”, ajoute-t-il.
Le secteur devrait toutefois être tiré à l’avenir par l’accroissement des besoins, dans le domaine de la petite enfance et surtout de la dépendance. “On va accepter de payer un certain prix un personnel capable d’accompagner à leur domicile des personnes âgées”, prédit Bruno Leresche.
“On peut doubler la croissance du secteur d’ici à dix ans car les besoins sont là”, renchérit Mme Levaux. “Mais à condition de valoriser les emplois de ces salariés”, ajoute-t-elle.
Pour Alain Bosetti, “le secteur a un potentiel énorme, quasi certain”, notamment grâce à la démographie. “Je crois énormément au développement de services rendus à la fois par les êtres humains et les innovations technologiques”, dit-il.