Budget UE : le commissaire Lewandowski dénonce la “schizophrénie” des Etats

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Le commissaire au Budget, Janusz Lewandowski, le 27 juin 2012 0 Bruxelles (Photo : Georges Gobet)

[29/11/2012 12:58:50] BRUXELLES (AFP) Les négociations sur le budget européen pour la période 2014-2020 montrent une tendance à la “schizophrénie” à la tête des Etats, et sont menées au détriment de l’intérêt européen, déplore le commissaire au Budget, Janusz Lewandowski, dans un entretien à l’AFP.

“La position de plusieurs Etats est schizophrénique, car ils coupent dans des secteurs qu’ils ont présentés comme prioritaires pour la croissance et l’emploi en Europe”, souligne-t-il.

“Dans le même temps, ils découvrent les manques dans les réseaux d’infrastructures pour les transports, l’énergie et les communications qui imposent des centaines de millions en investissements si l’on veut créer un véritable réseau européen”, ajoute-t-il.

M. Lewandowski ne cache pas son amertume devant la tournure prise par les négociations durant le sommet européen consacré en fin de semaine dernière au budget de l’UE pour 2014-2020.

Les chefs d’Etats et de gouvernements se sont séparés vendredi dernier sur un constat d’échec après avoir refusé un compromis réduisant de 75 milliards d’euros les demandes la Commission européenne, car plusieurs grands pays réclament davantage de coupes. Ils sont convenus d’un nouveau sommet au début de l’année 2013.

“Il y a encore une majorité de pays qui réclament plus de coupes malgré les cadeaux faits durant la négociation, mais ce n’est pas possible, car nous sommes à la limite de ce qui est faisable”, assure M. Lewandowski.

“Je ne suis pas content de la proposition de Herman Van Rompuy”, affirme-t-il.

“Avec cette proposition, nous tentons une expérience inédite: essayer de faire plus d’Europe avec moins d’argent. Cela ne s’est jamais produit dans l’histoire européenne”, ironise-t-il.

Janusz Lewandowski est très sévère à l’adresse des Etats, dont il fustige les contradictions: “Tous ceux qui réclament des coupes défendent leurs propres intérêts: la Finlande veut couper mais veut de l’argent pour les zones peu peuplées du nord du pays, l’Allemagne veut des coupes mais veut de l’argent pour l’est du pays, la France veut de l’argent pour augmenter l’enveloppe pour ses aides directes agricoles”.

“Là est le paradoxe: vouloir des coupes tout en augmentant ses propres enveloppes”, dit-il.

Un échec des négociations aurait des conséquences. “Une prolongation avec les plafonds de 2013 signifierait que seul le Royaume-Uni conserverait son rabais”, car il est inscrit dans les traités. “Tous les autres pays perdraient leurs privilèges”, a-t-il mis en garde.

Plusieurs pays perdront la réduction sur leur contribution, obtenue pour la période 2007-2013: environ 1 milliard pour l’Allemagne, 580 pour les Pays-Bas, 346 pour la Suède et 102 pour l’Autriche, selon les chiffres du budget 2011.

Les Pays-Bas perdraient également, comme la Belgique, la possibilité de conserver 25% des taxes à l’importation, qui représentent un avantage pour les ports de Rotterdam et Anvers.

L’Allemagne, les Pays-Bas, la Suède et l’Autriche conserveraient en revanche leurs rabais sur leur contribution au rabais britannique, car ils sont liés.

Le commissaire Lewandowski espère qu’un accord sera trouvé lors du prochain sommet. “Une nouvelle tentative aura lieu, probablement en février, mais il ne faut pas attendre une amélioration du climat, car les pays de la zone euro sont en récession”, souligne-t-il.

“Février doit déboucher sur un accord. Ce ne peut pas être plus tard”, affirme-t-il, car le Parlement européen doit se prononcer sur l’accord.

“Les dirigeants européens doivent avoir le courage d’affronter les défis et d’offrir à l’Europe une paix financière pour sept ans. Ce serait bien de la part des lauréats du prix Nobel de la Paix”.