Banque publique d’investissement : l’acte de naissance signé

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à Paris (Photo : Bertrand Langlois)

[29/11/2012 18:04:22] PARIS (AFP) Les députés ont signé jeudi, dans une atmosphère consensuelle, l’acte de naissance de la Banque publique d’investissement (BPI), qui doit démarrer ses activités début 2013 et sera, promet le gouvernement, la “banque de la croissance française”.

Engagement N°1 du candidat François Hollande, cette banque “pas comme les autres” disposera de 42 milliards d’euros et jusqu’à “70 milliards” en faisant levier sur le secteur privé, a déclaré aux députés le ministre de l’Economie Pierre Moscovici, qui s’est défendu d’être “l’homme d’un machin”.

La BPI doit réunir dans chaque région, sous un guichet unique, les services du Fonds stratégique d’investissement (FSI), qui prend des participations dans des sociétés françaises stratégiques, de la banque publique des PME et de l’innovation, Oséo, et de CDC Entreprises, filiale de la Caisse des dépôts.

Cet organisme, qui sera dirigé par Nicolas Dufourcq (es-CapGemini), sera le “porte-avion du pacte de compétitivité”, selon M. Moscovici. Un “vaisseau amiral”, a renchéri le député PS Jean-Marc Germain.

Une “épaule solide” sur laquelle les entreprises “pourront s’appuyer”, notamment pour “grandir” ou “exporter”, a estimé le rapporteur du projet de loi et numéro deux du PS, Guillaume Bachelay.

Elle sera “la banque de la croissance française”, a assuré M. Moscovici, alors que les organismes internationaux et la majorité des économistes prévoient une croissance bien moindre que le gouvernement en 2012 et 2013 et que le chômage ne cesse de s’envoler.

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éro deux du PS, Guillaume Bachelay, le 26 octobre 2012 au congrès de Toulouse (Photo : Lionel Bonaventure)

Mais le rôle de la BPI, a prévenu M. Moscovici, n’est pas de venir “sauver toutes les entreprises de France”. Mi-octobre, le futur président de la BPI, Jean-Pierre Jouyet, avait suscité moult critiques en traitant le site d’ArcelorMittal à Florange de “canard boiteux”, ce qui avait contraint François Hollande à intervenir pour calmer le jeu.

En commission, les députés PS ont précisé la mission de la BPI, mentionnant “croissance durable”, “emploi” et “compétitivité” pour “favoriser innovation, développement, internationalisation, mutation et transmission des entreprises”. Y a été ajoutée jeudi “la mise en oeuvre de la transition écologique” via un amendement PS.

Le président de la commission des Finances, l’UMP Gilles Carrez, s’est dit “pas opposé au principe” de la BPI. “Enfin, un sujet non clivant!”, a lancé son collègue Julien Aubert. L’UMP et l’UDI de Jean-Louis Borloo (Union des démocrates et indépendants) se sont abstenus.

Au nom du Front de gauche, qui a voté pour, Nicolas Sansu a regretté que la BPI soit “très insuffisamment dotée” et ne soit pas un véritable établissement de crédit, sans possibilité de se refinancer auprès de la Banque centrale européenne.

Dans l’hémicycle, le ministre a répondu à quelques interrogations: “oui” la BPI interviendra en zone rurale, “oui” elle a “vocation à financer” le lancement d’entreprises.

Il a aussi tenu à rassurer les régions qui s’étaient inquiétées d’un recul, notamment sur la gouvernance, par la voix du député Alain Rousset, président de l’Association des régions de France (ARF). Les choses pourront “évoluer en pratique”, a affirmé M. Moscovici, selon lequel “l’esprit du gouvernement n’est pas jacobin”.

Les présidents des régions Ile-de-France, Jean-Paul Huchon, et Poitou-Charentes, Ségolène Royal, représenteront les Régions au sein du conseil d’administration de la BPI, selon l’ARF.

Les députés ont aussi approuvé une proposition de loi organique de Gilles Carrez (UMP), Christian Eckert (PS) et Jean-Jacques Urvoas (PS) visant à soumettre la nomination des dirigeants de la BPI au feu vert des commissions des Finances de l’Assemblée et du Sénat.