Commerce : l’UE va négocier avec le Japon, mais veut protéger ses voitures

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à Kanegasaki, au Japon, le 9 mars 2012 (Photo : Toshifumi Kitamura)

[29/11/2012 18:35:17] BRUXELLES (AFP) Les ministres européens du Commerce ont donné jeudi mandat à la Commission européenne pour ouvrir des négociations avec le Japon en vue de parvenir à un accord de libre-échange, tout en prévoyant une clause de sauvegarde pour protéger des secteurs fragiles, comme l’automobile.

Il s’agit d’un “mandat clair, confirmé par tous les Etats membres” de l’UE, s’est réjoui le commissaire européen au Commerce, Karel De Gucht, au cours d’une conférence de presse.

Le ministre britannique du Commerce extérieur, Stephen Green, a immédiatement salué dans un communiqué “un premier pas vers la libéralisation du commerce entre deux des principales économies mondiales”. L’UE et le Japon représentent à eux deux plus du tiers de la production de richesse mondiale.

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égociations de libre-échange avec le Japon, le 18 juillet 2012 à Bruxelles (Photo : Georges Gobet)

M. De Gucht, tout en avertissant que les discussions étaient susceptibles de durer plusieurs années, a rappelé qu’un tel accord de libre-échange pourrait faire gagner 0,8 point de pourcentage à la croissance économique de l’UE et permettre la création de 400.000 emplois.

Mais des industriels européens, notamment dans l’automobile, craignent les retombées d’un tel accord sur leurs activités.

La ministre française du Commerce, Nicole Bricq, s’était d’ailleurs rendue à Bruxelles avec un objectif clair : obtenir une clause de sauvegarde, applicable notamment à l’automobile, qui permette de revenir sur la libéralisation des échanges dans ce secteur si un déséquilibre était constaté.

Elle a obtenu satisfaction, soulignant au cours d’un point de presse que parmi les secteurs sensibles couverts par cette clause, “l’automobile est explicitement citée”.

La France a été échaudée par l’accord de libre-échange entre l’UE et la Corée du Sud, entré en vigueur en juillet 2011 et auquel a été imputée la responsabilité des difficultés de l’industrie automobile européenne. Paris a demandé début août la mise sous surveillance des importations en provenance de ce pays, ce qu’a refusé Bruxelles, estimant que les conditions nécessaires n’étaient pas remplies.

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UE dans les commerces de biens et de services

L’accord avec la Corée du Sud comporte lui aussi une clause de sauvegarde concernant l’automobile, mais la France la juge inefficace et Mme Bricq a insisté jeudi sur le fait que celle qui s’appliquerait au Japon en cas d’accord serait au contraire “opérationnelle”.

D’autres pays ont défendu cette clause, parmi lesquels l’Espagne, l’Italie, la Roumanie et la Slovaquie, a indiqué Mme Bricq, qui a souligné que l’Allemagne, moins menacée par la concurrence des constructeurs japonais en raison du positionnement haut de gamme de ses voitures, avait néanmoins donné son accord.

L’Association européenne des constructeurs automobiles (ACEA), opposée de longue date à l’ouverture de négociations de libre-échange avec le Japon, a réagi dans un communiqué en estimant que “cet accord serait à sens unique”.

Elle cite en particulier une étude du cabinet Deloitte selon laquelle l’afflux de voitures japonaises en Europe ne s’accompagnera que d’une hausse minime des ventes de voitures européennes au Japon, et entraînera la perte de 35.000 à 73.000 emplois dans le secteur en Europe.

En cause : les barrières autres que les droits de douane, souvent dénoncées comme étant un moyen utilisé par l’archipel nippon pour empêcher l’accès de produits étrangers à son territoire. L’UE en a recensé 31.

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çaise du Commerce, Nicole Bricq, le 28 novembre 2012 à Paris (Photo : Bertrand Langlois)

Ces barrières peuvent prendre la forme de normes et d’homologations et sont également érigées par le Japon dans d’autres secteurs comme les médicaments et l’alimentation.

Leur élimination devra accompagner celle des barrières en matière de droits de douane de manière “strictement parallèle”, a insisté M. De Gucht, expliquant qu’une clause de rendez-vous au bout d’un an était prévue et que les négociations pourront alors “être interrompues si le Japon ne respecte pas ses engagements”.

La France souhaite par exemple que le Japon lève l’interdiction qui continue de frapper la viande bovine qu’elle produit à la suite de la maladie dite de la “vache folle”, alors qu’aucun nouveau cas n’a été détecté depuis 1999.