à Cushing, aux Etats-Unis (Photo : Tom Pennington) |
[30/11/2012 08:01:52] MONTREAL (AFP) Le gouvernement du Canada pousse à la construction de nouveaux oléoducs pour exporter le pétrole produit à l’ouest du pays quand son seul client, les Etats-Unis, pourrait devenir vers 2020 le premier producteur de la planète.
Le Canada, grâce aux sables bitumineux de la province de l’Alberta (ouest), la troisième réserve d’or noir de la planète, est actuellement le premier fournisseur étranger de pétrole des Etats-Unis.
Cette situation devrait cependant changer car les Etats-Unis deviendront vers 2020 “le premier producteur mondial de pétrole”, a prédit, il y a deux semaines, l’Agence internationale de l’énergie (AIE).
Pour le gouvernement conservateur d’Ottawa, ce scénario fait ressortir la nécessité pour le Canada de trouver de nouveaux marchés pour son pétrole, car les Etats-Unis absorbent en ce moment “98%” de ses exportations, a rappelé lundi le ministre canadien des Ressources naturelles, Joe Oliver.
“Le marché américain ne suffira pas à absorber la totalité des exportations pétrolières du Canada”, souligne le ministère. “D’ici 2035, celles-ci seront de 4 millions de barils par jour, alors que les Etats-Unis n’importeront au total que 3,4 millions de barils par jour”.
Autre contrainte: les systèmes d’oléoducs actuels de l’ouest du continent américain ne réussissent pas à absorber la hausse de la production au Canada et aux Etats-Unis, et les nouveaux projets buttent contre des préoccupations écologiques et politiques.
“On manque déjà de débouchés, il y a de l’engorgement dans les oléoducs”, note Marco Navarro-Génie, vice-président à la recherche du Frontier Centre, un institut de recherche de Calgary, la capitale pétrolière de l’Alberta.
“On est en train de vendre du pétrole à 22 dollars sous le prix du brut de référence (le Brent de la mer du Nord), faute d’accès suffisant au marché”, ajoute-t-il.
Nouveau tracé
Pour le gouvernement et l’industrie, cet accès passe notamment par l’oléoduc Keystone XL, entre l’Alberta et les raffineries du golfe du Mexique au Texas, dont la construction a été retardée en début d’année par le président américain Barack Obama en raison de craintes pour une nappe phréatique dans l’Etat du Nebraska (centre des Etats-Unis).
Oklahoma (Photo : Tom Pennington) |
Un nouveau tracé a été présenté pour l’oléoduc au Nebraska par l’opérateur TransCanada et “une décision favorable à Keystone XL”, projet d’une capacité de 830.000 barils par jour (bpj), devrait intervenir assez rapidement en 2013, croit cependant André Plourde, spécialiste du pétrole à l’université Carleton d’Ottawa.
Il souligne que “les raffineries de la région de Houston (Texas, sud des Etats-Unis) sont maintenant en bonne partie orientées vers un raffinage de pétrole relativement lourd”, ce qui favorise le pétrole albertain, au moment où les approvisionnements en provenance du Mexique et du Venezuela sont en déclin.
L’AIE prédit que la demande mondiale d’énergie croîtra d’un tiers d’ici 2035 et que la Chine, l’Inde et le Moyen-Orient représenteront 60% de ces besoins supplémentaires.
Deux projets d’oléoducs sont actuellement débattus pour écouler la production de l’Alberta vers l’Asie en passant par des ports du Pacifique.
Le plus controversé de ces projets, le Northern Gateway, du groupe canadien Enbridge, se heurte toutefois à une forte résistance du gouvernement de la province de la Colombie-Britannique (ouest du Canada), de groupes autochtones et d’écologistes.
Enbridge et TransCanada tournent également leur regard vers l’Est du Canada, le Québec et le Nouveau-Brunswick, pour exporter le brut de l’Alberta par l’Atlantique. Le ministre Oliver promet son soutien pour des projets “vers l’ouest, le sud et l’est” du pays.
Au pis aller, des acteurs du secteur évoquent même l’idée d’exporter le pétrole par le nord, via le port de Churchill, sur la baie d’Hudson, au Manitoba, selon M. Navarro-Génie.