La vingt-septième édition des Journées de l’Entreprise (7-8 décembre 2012, El Kantaoui) aura un goût particulier. Car ce sera la première de l’ère Ahmed Bouzguenda, élu le 24 juin 2012 par les nouveaux membres du Comité directeur à la tête de l’Institut arabe des chefs d’entreprise (IACE), à la place de Chakib Nouira, qui a préféré ne pas se porter candidat pour un nouveau mandat et passer le témoin à quelqu’un d’autre.
En succédant à un prédécesseur qui est resté aux commandes pendant dix-huit ans, Ahmed Bouzguenda va certainement vouloir imprimer son empreinte à l’organisation. D’ailleurs, en prenant la parole vendredi 30 novembre 2012, pour sa première conférence introductive des Journées de l’Entreprise, le nouveau président de l’IACE a annoncé d’entrée de jeu «ce qui va changer par rapport aux journées précédentes».
Le premier changement concerne le format des panels. «On consacrera plus de temps aux interventions de la salle», indique M. Bouzguenda. En outre, chaque panel sera composé d’un membre du gouvernement, d’un expert et d’un chef d’entreprise, et son sujet sera introduit par une étude ou un sondage.
Mais visiblement soucieux de ne pas donner l’impression de vouloir «dénouiriser» l’IACE, le nouveau président se défend aussitôt de vouloir tout chambarder.
La même prudence est de mise dans le discours du nouveau président s’agissant du rôle que joue l’organisme qu’il préside. Ainsi, sur la question du nouveau code des investissements, il annonce que l’IACE entend présenter un nouveau texte puis se rattrape aussitôt. «Nous n’avons pas cette prétention. Nous allons seulement présenter une vision de la philosophie qui devrait être celle du nouveau code», précise M. Bouzguenda. Une proposition que l’IACE s’est donné, comme d’habitude, les moyens de faire.
Soucieux, comme à son habitude de premier think tank dédié au monde de l’entreprise à avoir été créé en Tunisie, de peser sur le processus de prise des décisions touchant à ce dossier, l’IACE s’est préparé comme il se doit à la «bataille» de la refonte en particulier et l’amélioration de l’entreprise en général. En effet, pas moins de dix études et de trois grandes enquêtes –portant respectivement sur les «contraintes et perspectives de développement de l’entreprise tunisienne», la perception du site Tunisie par les investisseurs étrangers et l’attractivité des régions auprès des investisseurs locaux.
La prudence dont a fait montre le président de l’IACE est imputable à une tradition bien établie de fonctionnement collégial de l’IACE. D’ailleurs, c’est bien pour souligner cette collégialité que M. Bouzguenda s’est présenté à la conférence de presse entouré de pas moins de quatre membres du comité directeur (Fayçal Derbal, Taieb Bayahi, Slim Zghal et Jaafar Khatteche).
Collectivement, la nouvelle équipe –composée pour l’essentiel de personnalités depuis longtemps membres de l’IACE- évoluera dans un contexte politique plus favorable que les précédentes. Débarrassée, à l’instar des autres organisations nationales, de la lourde chape de plomb que faisait peser le régime Ben Ali sur toutes les structures de la société civile, elle pourra lâcher la bride à son imagination et, de ce fait, peser davantage sur les décisions touchant à la vie de l’entreprise en particulier et à l’économie en général.