La France lance deux nouveaux supercalculateurs

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un supercalculateur (Photo : Eric Piermont)

[30/11/2012 17:16:27] PARIS (AFP) Baptisés Turing et Ada, deux nouveaux superordinateurs d’une puissance cumulée de plus d’un pétaflops viennent gonfler les capacités françaises de calcul intensif, un enjeu majeur pour la recherche qui évoque déjà des puissances multipliées par mille.

Ces deux supercalculateurs de nouvelle génération conçus par IBM seront accessibles aux scientifiques le 1er janvier prochain. Ils ont été installés dans les locaux de l’IDRIS, le centre de calcul du CNRS, à Orsay, en région parisienne, et sont destinés à remplacer les calculateurs Babel et Vargas acquis en 2007.

Cette nouvelle acquisition “met la France à un niveau tout à fait compétitif”, a assuré vendredi à la presse Catherine Rivière, PDG de Genci, le Grand Equipement National de Calcul Intensif qui coordonne l’équipement des trois centres nationaux de calcul (Idris, Très Grand Centre de Calcul du CEA, et Centre informatique national de l’Enseignement supérieur à Montpellier).

Elle se place au 5e rang mondial pour le calcul intensif, selon le dernier classement, loin derrière les Etats-Unis.

La course à la performance se mesure aujourd’hui en pétaflops (1 pétaflops = un million de milliards d’opérations par seconde). Avec 2 pétaflops, le supercalculateur Curie conçu par Bull et inauguré en juillet dernier au TGCC du CEA, à Bruyères-le-Châtel, dans l’Essone, pourrait par exemple lire deux milliards de livres en une seule seconde.

Dans les années 2000 on parlait en teraflops (1.000 milliards d’opérations/seconde, alors que d’ici la fin de la décennie, l’exaflops pourrait être atteint, soit un supercalculateur capable de faire un milliard de milliards d’opérations par seconde…

Faible consommation énergétique

Pour le président du CNRS Alain Fuchs, il ne s’agit pas tant d'”une sorte de gloriole à être le plus rapide” que “d’un besoin de calcul fondamental”.

Prédictions météorologiques à sept jours, naissance de l’univers, découverte de nouveaux médicaments, nouvelles sources d’énergie, nouveaux matériaux et nanotechnologies, décodage du génome humain… sont autant d’avancées qui résultent du calcul haute performance.

L’enjeu est aussi économique. “En 20 ans, le nombre d’essais pour la conception des chambres de combustion des moteurs aéronautiques a été divisé par 5 grâce à la simulation”, a témoigné Vincent Moureau (Complexe de recherche interprofessionnel en aérothermochimie).

Neuf “grands challenges” sont actuellement en cours sur Turing et quatre sur Ada, dans des domaines aussi divers que la climatologie, l’astrophysique, la chimie, la combustion, la biologie ou les batteries électriques.

Il s’agit de “les stresser pour essayer de pouvoir toucher leurs limites”, a expliquer Mme Rivière. Des calculs et simulations extrêmes qui pourraient amener “des retombées scientifiques de premier plan”, a-t-elle ajouté.

Turing (en hommage à Alan Turing, considéré comme le père de l’informatique moderne) est un système dit “massivement parallèle”, une architecture qui permet une répartition du travail plus efficace. Avec une puissance de 836 teraflops et plus de 65.000 coeurs de calcul, il “présente un des meilleurs ratio puisance/consommation actuels”, a souligné Alain Fuchs.

Grâce à sa faible consommation énergétique, il fait partie des supercalculateurs qui préfigurent les ordinateurs exaflopiques, dont le défi sera d’éviter de faire exploser la facture d’électricité.

Plus “généraliste”, Ada (en mémoire d’Ada Lovelace, pionnière de la programmation au XIXe siècle) se veut “complémentaire” de Turing, selon Mme Rivière.

A eux deux, ils devraient coûter 15 à 20 millions d’euros.