ArcelorMittal : les syndicats de Florange déçus malgré l’emploi préservé

photo_1354345059309-1-1.jpg
écoutent la déclaration du Premier ministre Jean-Marc Ayrault à la télévision, le 30 novembre 2012 à Florange (Photo : Jean-Christophe Verhaegen)

[01/12/2012 07:02:48] PARIS (AFP) A l’issue d’âpres négociations, le gouvernement a obtenu d’ArcelorMittal qu’il s’engage à préserver l’emploi à Florange (Moselle) et investisse 180 millions d’euros en cinq ans dans le site, suscitant pourtant des réactions mitigées de la part des syndicats et des politiques.

“Il n’y aura pas de plan social à Florange. Le groupe Mittal s’est engagé à investir au moins 180 millions dans les cinq prochaines années”, a déclaré Jean-Marc Ayrault vendredi soir. Il a en outre annoncé que la nationalisation des hauts-fourneaux était écartée.

Le site de Florange emploie 2.700 personnes, dont 629 étaient concernées par une possible fermeture.

Une source à Matignon a précisé qu’il y aurait cependant des suppressions de postes induites par les départs à la retraite, qui se feront “au fur et à mesure” mais a assuré qu’il n’y aura ni licenciements, ni mobilités forcées.

Le groupe, qui souhaitait fermer la filière chaude (production d’acier brut, comprenant les hauts-fourneaux), s’est finalement engagé à “maintenir les hauts-fourneaux” de Florange “en l’état” dans l’attente de la réalisation d’un projet européen de captage et de stockage de CO2, baptisé Ulcos, a expliqué le Premier ministre.

photo_1354307753537-1-1.jpg
à Matignon à Paris le 30 novembre 2012 (Photo : Kenzo Tribouillard)

Ulcos (Ultra-Low Carbon Dioxide Steelmaking), proposé pour un des hauts-fourneaux de Florange, est un prototype de captage stockage du CO2 qui doit permettre de réduire considérablement la pollution de l’air par la fabrication de l’acier.

Ce projet, dans lequel l’Etat pourrait augmenter sa participation, est en attente de financements européens prévus d’ici fin décembre.

“Le gouvernement n’a pas retenu l’hypothèse d’une nationalisation transitoire (..) au vu des engagements qu’il a obtenus d’ArcelorMittal”, des engagements “inconditionnels”, a souligné Jean-Marc Ayrault.

“La nationalisation (…) peut certes être nécessaire dans des circonstances historiques particulières ou pour sauvegarder des intérêts supérieurs de la nation”, a dit M. Ayrault. “Mais elle n’est pas efficace face à un problème de débouchés pour une entreprise ou face à un problème de compétitivité”, a-t-il ajouté, dans une allusion au marché de l’acier en Europe, très déprimé.

La menace d’une nationalisation temporaire avait été brandie par le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg et avait rallié une part importante de la classe politique, de droite comme de gauche.

photo_1354345205261-1-1.jpg
à Florange (Photo : Jean-Christophe Verhaegen)

Ce ministre avait en outre affirmé à plusieurs reprises avoir reçu des marques d’intérêt et des offres de repreneurs potentiels pour le site dans son intégralité. Mercredi, il avait même évoqué un repreneur prêt à investir “jusqu’à près de 400 millions d’euros”.

“Pas de repreneur crédible”

Une source à Matignon a pourtant reconnu vendredi soir qu'”il n’y avait pas (eu) de repreneur crédible et ferme”.

“M. Montebourg s’est beaucoup battu sur ce dossier comme il le fait sur d’autres. Il le fait avec sa fougue habituelle et avec son coeur”, a-t-on ajouté de même source.

Le ministre, très présent dans les médias jusqu’à vendredi matin, était injoignable vendredi peu avant minuit.

Le gouvernement suivra avec “vigilance” le respect des engagements a déclaré à l’AFP le ministre de l’Economie, Pierre Moscovici, en déplacement à Abidjan, saluant un “accord solide” et “global”.

A Florange, les syndicats ont accueilli froidement les annonces du gouvernement, la CFDT jugeant même que les salariés étaient “une nouvelle fois trahis” et exigeant une réunion tripartite entre gouvernement, syndicats et direction. “Nous avons été le cauchemar de (Nicolas) Sarkozy, on pourrait être celui de ce gouvernement”, a menacé vendredi son représentant Edouard Martin. “Les rénovations et les investissements, c’est maintenant que nous les voulons, pas dans cinq ans. Nous exigeons que les travaux de rénovation démarrent tout de suite”, a-t-il ajouté.

Si le responsable de la fédération de la métallurgie de Force Ouvrière Frédéric Souillot s’est déclaré “satisfait” de l’accord conclu, il a toutefois redouté de la “poudre aux yeux”.

Le parti communiste estimait que le refus de nationaliser le site laissait Florange et les salariés “dans les griffes de Mittal”.

“Les moyens de pression ne disparaissent pas avec l’annonce (de ce vendredi soir). S’il (Mittal) se comportait comme un homme qui ne respecte pas sa parole il y a des moyens de pression”, a-t-on prévenu à l’Elysée.

“On garde le revolver sur la table”, a même déclaré un conseiller de l’Elysée.

Le président des députés PS, Bruno Le Roux, s’est enfin réjoui de ces annonces du gouvernement. “Le site de Florange est sauvé”, c’est “une très bonne nouvelle pour les salariés et toute la Lorraine”, a-t-il déclaré.

L’UMP, par la voix de Jean-François Copé, a affirmé vendredi soir que “les multiples revirements du gouvernement” sur Florange sont “très inquiétants et donnent le sentiment d’une forme d’improvisation au sommet de l’Etat”.

“La situation de Florange, qui n’est pas réglée ce soir, rappelle avec gravité à François Hollande que notre industrie a besoin de réformes de structures”, affirme Jean-François Copé dans un communiqué après les déclarations du Premier ministre sur Florange