Bolivie : le marché du quinoa s’ouvre à l’Asie

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évrier 2011 (Photo : Aizar Raldes)

[01/12/2012 14:17:20] LA PAZ (AFP) La Bolivie, principal producteur et exportateur de quinoa dans le monde, frappe désormais à la porte des marchés d’Asie et du Moyen-Orient, destinations potentielles pour un aliment à la valeur nutritionnelle exceptionnelle.

“Les marchés potentiels du quinoa sont maintenant ceux des pays asiatiques: Chine, Japon, Corée. Nous sommes également parvenus à approcher les marchés du Moyen-Orient car les pays arabes sont intéressés”, a expliqué à l’AFP Ivan Cahuaya, directeur de “Promueve Bolivia”, l’entité gouvernementale chargée de promouvoir le commerce avec la Bolivie.

Ce week-end, le président bolivien Evo Morales, désigné en juin dernier “ambassadeur spécial” de la FAO, l’Organisation des Nations unies pour l’Agriculture et l’Alimentation pour promouvoir ce “super aliment”, a participé à des semailles de quinoa dans sa région d’origine d’Orinoca.

La valeur nutritionnelle de cette graine riche en protéines cultivée depuis plus de 7.000 ans sur les hauts plateaux andins a été soulignée par les Nations unies, qui ont décrété 2013 année mondiale du quinoa.

L’un des aliments les plus sains et complets, le quinoa peut remplacer avantageusement le riz, les pâtes ou la semoule.

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Du quinoa (Photo : Aizar Raldes)

Selon des chiffres officiels, la Bolivie produit 48.500 tonnes de quinoa annuellement sur plus de 95.000 hectares, attribuées pour 70% à l’exportation en particulier vers les Etats-Unis et en Europe, le reste étant réservé à la consommation locale.

“Nous exportons déjà dans des marchés établis comme l’Europe et les Etats-Unis, mais maintenant, la décision du gouvernement est d’aller à la recherche d’autres marchés”, a déclaré M. Cahuaya.

“D’autres pays se sont attribués la production du quinoa et ont même fait breveter la graine comme produit américain, chilien ou colombien”, regrette-t-il.

“Nous voulons que l’Année internationale du quinoa nous aide à atteindre de nouveaux marchés”, relève également Jaime Belen, le vice-président de l’Association nationale des producteurs de quinoa (ANAPQUI), qui regroupe les petits paysans du pays.

L’ANAPQUI représente 25% de la production bolivienne et se plaint qu’une grande partie de la production de quinoa parte en contrebande vers le Pérou, autre pays producteur.

L’organisation demande davantage de contrôle aux frontières.

“Les bons prix qu’on leur donne incitent les producteurs à faire de la contrebande”, regrette Jaime Belen précisant que le prix d’une tonne de quinoa oscille entre 2.800 et 3.000 dollars.

La graine de quinoa, qui peut atteindre 2,5 cm de diamètre, est une pseudo-céréale qui ne fait pas partie de la famille des graminées, mais de celle de la betterave et des épinards (les Chénopodiacées).

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énéral de la FAO José Graziano da Silva (d) et le président bolovien Evo Morales, le 11 juin 2012 à Rome (Photo : Giulio Napolitano)

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) l’a qualifiée de “graine d’or” et ses défenseurs en ont fait un symbole des produits biologiques car ses méthodes de production sont jugées respectueuses de l’environnement.

Ses qualités nutritives ont été découvertes dans les années 70 en Occident où le quinoa est vendu dans des magasins bios ou de commerce équitable, mais aussi dans les grandes surfaces.

Les zones de culture de quinoa ont doublé depuis 2005 en Bolivie et se situent aux abords de deux déserts de sel, l’Uyuni près de Potosi, et le Coipasa à Oruro.

Mais l’extension des surfaces cultivées provoque des conflits entre paysans: en mars et avril, on a recensé plus d’une trentaine de blessés au cours d’affrontements entre cultivateurs, dans des régions où les limites territoriales ne sont pas définies très précisément.